Habib Bouchrara, pdg de Fujitsu-Siemens France, commente le recul des ventes de PC qui a marqué son exercice 2007 et détaille ses perspectives 2008.

 

L’année 2007 aura été pour le moins contrastée pour Fujitsu-Siemens. Certes ses bénéfices sont en hausse de 15% à 105 M€. Mais son chiffre d’affaires s’est contracté de 4,9% à 6,6 Md€ et ses parts de marché sont en chute libre dans le domaine des PC et des portables. Habib Bouchrara, pdg de Fujitsu-Siemens France, revient pour Channelnews sur les raisons de ces contre-performances et détaille ses perspectives pour l’exercice en cours. Le constructeur compte notamment doubler ses ventes de serveurs et doubler le nombre de ses revendeurs actifs.

 

Vos bénéfices annuels sont en hausse mais votre chiffre d’affaires est en baisse. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

La baisse du chiffre d’affaires s’explique par trois facteurs conjugués : l’arrêt de certaines lignes de produit, notamment les téléviseurs et les PDA, la baisse des prix qui continue d’affecter les PC, notebook et serveurs et les effets de change qui nous sont défavorables. Je précise que le phénomène de baisse des prix est amplifié en France par la généralisation du recours à des dispositifs d’enchères inversées dans le secteur public. Nous sommes néanmoins parvenu à accroître notre marge bénéficiaire grâce à la bonne tenue de nos ventes de serveurs et à celles des services associés. Nous recueillons là les fruits de la stratégie initiée il y a trente mois autour de la virtualisation et de la consolidation des centres de données. Baptisée Dynamic Data Center, cette stratégie s’est concrétisée par une croissance de nos ventes plus importante que celle du marché. Ainsi, IDC nous a crédité d’une croissance de 12,2% au quatrième trimestre alors que le marché ne progressait que de 1,9%.

 

En revanche sur les segments des ordinateurs de bureau et des portables, vous avez clairement perdu du terrain. Que s’est-il passé ?

Nous avons incontestablement pris du retard en 2007 sur le segment des PC. La raison essentielle est que nous n’avons pas pris part aux grands appels d’offres, notamment sur les marchés publics, soit que nous n’avions pas les bonnes offres, soit que les cibles de prix nous paraissaient irréalistes. Il faut savoir que certains clients achètent les PC moins de 200 € HT, garantie 3 ans, déploiement et masterisation compris. Ainsi, nos ventes de PC ont reculé de 35% sur le marché professionnel et notre part de marché est tombée à moins de 4%. Même constat sur le marché consumer où nos ventes ont reculé de 60 à 65%. Nous avons en partie compensé ce recul sur le marché consumer avec les portables où nous avons progressé de 41%. Mais sur le marché pro, nos ventes de notebook sont restées stables, bien en dessous du marché qui a cru de près de 25%. Sur les portables, les produits ne sont pas en cause. Notre problème est venu de notre perte de visibilité dans le réseau de distribution et du manque de lisibilité de notre offre, qui était trop large.

 

Que comptez-vous faire pour remédier à cette situation ?

Nous avons déjà pris des mesures en divisant par trois le nombre de références produit et en annonçant un nouveau programme revendeurs, le programme Select, destiné à resserrer les liens avec le réseau de distribution. Plus simple, ce programme a instauré le principe de la création de deux équipes chargées du suivi des partenaires, chacune avec leurs outils et leurs ressources propres. La première adresse nos trois cents premiers revendeurs, la seconde tous les autres. Nous espérons ainsi doubler le nombre de nos partenaires actifs au cours des douze prochains mois. En 2008, nous visons 4,5 à 5% de parts de marché sur les PC pour les professionnels et 6% sur les notebook. Pour les serveurs, nous tablons sur un doublement de nos ventes en unités cette année.

 

Pensez-vous que l’émergence des PC allégés, sur le modèle de l’EeePC d’Asus, va conduire à l’instauration d’un véritable marché et comptez-vous avoir une offre ?

Oui, il y a clairement un marché et oui, nous aurons une proposition (probablement dès juin). Nous estimons néanmoins que ces produits doivent offrir un minimum de caractéristiques notamment en terme de lisibilité de l’écran et de capacité mémoire. Pour autant, nous ne croyons pas que ces petits PC pourront tout faire. Le développement de ce marché dépendra également de la capacité du réseau de distribution à offrir les services que ne manqueront pas d’exiger les utilisateurs. En effet, les données que renfermeront ces appareils seront autrement plus critiques aux yeux des utilisateurs que celles que peut contenir un téléphone portable. Il faudra gérer des problèmes d’installation, d’utilisation, de synchronisation, de remise en état de marche… Or le réseau de distribution téléphonie qui commercialise ces produits sur le modèle de celui des téléphones portables n’est armé pour fournir ces services.

 

Le joint-venture entre Fujitsu et Siemens qui a donné naissance à votre société arrive à échéance l’année prochaine. Vos actionnaires ont-ils l’intention de prolonger leur partenariat ?

Je n’ai pas d’information précise sur les intentions de nos actionnaires. Ce qui est clair c’est qu’ils ont continué d’investir jusqu’à présent. Il y a eu de gros investissements au cours des derniers mois sur les serveurs et nous nous apprêtons à annoncer un renouvellement complet de notre gamme consumer. La question est moins de savoir si le joint-venture va perdurer que de connaître la forme qu’il va prendre.