La mode des mini-notebooks est en train de gagner les entreprises. HP, qui vient d’annoncer sa gamme pour la fin de l’été, cible d’emblée les pros. Les distributeurs devront s’adapter bon gré mal gré.
Les mini-notebook ne dérogent pas à la règle. Dès lors qu’un produit high tech commence à marcher dans le grand public, il génère rapidement une demande dans les entreprises alors même que le produit n’a pas été conçu pour un usage professionnel. Ce fut le cas il y a lontemps pour les PC et plus récemment pour les PDA et l’iPhone. Tout d’abord surpris par cet engouement des « pros » qu’il n’avait pas anticipé, Asus a rapidement réagi en sortant l’EeePC 900. Disponible depuis quelques jours, il est doté d’un écran plus large et d’un OS Windows XP. SFR, qui relaye l’offre, la positionne clairement à destination des professionnels. Il est proposé via son réseau de distribution entreprises (notamment JFCom) accompagné de formules d’abonnement réservées aux entreprises (forfait Global acces ajustable).
La demande des entreprises est bien là
Mais ce repositionnement marketing in-extremis suffira-t-il à faire du EeePC un produit adapté à une utilisation professionnelle ? Cela reste à démontrer. « Ces produits se caractérisent par des limites évidentes en termes de sécurité, d’évolutivité, de capacité à faire tourner des applications métier et à être maintenus en conditions opérationnelles », juge Bernard Flobert, directeur général d’Econocom Télécom. Néanmoins, comme il le reconnaît lui-même, la demande est clairement là. « Elle est exprimée par les « VIP » et les équipes de direction des entreprises, qui attendent qu’on leur fournisse des services personnalisés pour intégrer sur ces machines la politique de sécurité de l’entreprise et leurs applications métier ». En l’occurrence, il y a des opportunités à saisir et des projets sont déjà en cours.
HP annonce une gamme de mini-notebook pour les pro
Qu’il y ait des opportunités à saisir dans les entreprises c’est aussi l’analyse de HP qui vient d’annoncer à son tour une gamme d’UMPC. Baptisée Mini-Note, celle-ci sera disponible à partir de fin août début septembre. Mais, contrairement à ses concurrents, le constructeur a choisit de positionner d’emblée son offre sur le segment professionnel avec des designs et des fonctions appropriés : châssis en aluminium anodisé, écrans renforcés, fonction anticrash disque dur, coupe-charge de la batterie pour une meilleure longévité, revêtement anti-effacement de touches, assistant de gestion de la connectivité sans fil… Des spécificités qui ont un prix : l’entrée de gamme (sous Linux avec 1 Go de RAM et 120 Go de disque), sera proposé à 369 HT. Les autres configurations ne sont pas encore finalisées mais on peut imaginer qu’il faudra débourser au moins 439 € HT pour version sous Windows XP.
Les mini-notebook : une niche ou un marché de volumes ?
Reste deux inconnues de taille : la taille du marché et l’impact de ces machines sur la chaîne de valeur de la distribution. Concernant, le marché, les seuls chiffres dont on dispose à ce jour sont les 60 000 pièces vendues par Asus sur le premier trimestre (plus exactement février et mars, l’EeePC ayant été introduit fin janvier). Sur ces ventes, les deux tiers sont dues à SFR, qui avait l’exclusivité le premier mois. Asus avait annoncé 500 000 ventes pour l’année 2008. Il est très peu probable qu’il atteigne cet objectif. Dans une étude à paraître dans les prochains jours Gartner table plus raisonnablement sur 1,9 millions d’unités pour l’Europe de l’Ouest tous constructeurs confondus, soit 320 000 à 350 000 ventes en France. Pour l’année prochaine, Jerry Shen, le président d’Asus, prédit vingt à trente millions de mini-notebook dans le monde (dont 10 millions à la marque Asus), ce qui, rapporté au marché français, ferait environ 750 000 pièces. Gartner pronostique pour sa part 3,3 millions en Europe de l’Ouest, soit environ 550 000 en France.
L’industrie du PC, une économie de consommables
L’autre question que tous se posent désormais est : en quoi ces produits vont impacter la chaîne de valeur de la distribution ? En effet, à 300 € ou 400 € pièce, les entreprises risquent d’être tentées de se passer des traditionnels contrats de maintenance. En cas de panne, elles pourraient opter purement et simplement pour le remplacement, privant leurs revendeurs de revenus additionnels. Quoi qu’il en soit, leur tarif très agressif représente déjà en soi un bouleversement. Si la distribution s’est habituée à des baisses de prix atteignant jusqu’à 20% par an, cette fois la baisse est vertigineuse par rapport au prix moyen auquel se vendent encore les notebooks traditionnels. Plus que jamais, l’industrie du PC devient une économie de consommables.
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