C’est l’éditeur de logiciels SIS qui hérite de l’offre de gestion d’interventions pompiers d’EDS. Craignant pour leur emploi, les salariés somment HP-EDS d’assumer ses responsabilités.

 

En gestation depuis des mois, la vente d’Artemis, l’activité gestion d’alerte pour les pompiers d’EDS, est effective depuis le 6 mai. L’acquéreur est la société SIS (100 personnes pour 11,5 M€ de CA en 2008), déjà éditrice de logiciels pour les SDIS (services départementaux d’incendie et de secours), les SAMU et les administrations publiques. Celle-ci voit dans cette transaction l’occasion de s’imposer comme le leader français des solutions pour les pompiers et d’entrer dans le top 10 français des éditeurs de solutions pour le secteur public.

 

De fait, alors que l’offre de SIS se cantonne à la gestion des activités administratives et financières des SDIS, celle d’Artemis en couvre les aspects opérationnels (gestion des interventions). « Deux offres certes parfaitement complémentaires mais en même temps très dissemblables en termes de mode de commercialisation, de cycle de décision ou de taille de projet », remarque un spécialiste proche du dossier.

 

« Une affaire SIS SDIS est facturée en moyenne 150.000 € et nécessite peu de paramétrage, tandis qu’une vente rapporte en moyenne 3 millions d’euros à Artemis et que les opérations d’intégration s’étalent généralement sur deux ou trois ans ». Une différence de culture et d’approche qui pourrait compliquer l’intégration des soixante huit salariés d’Artemis, basés à Aix-en-Provence (13), que SIS reprend avec le fonds de commerce.

 

D’importantes pertes d’exploitation

 

Mais c’est surtout la capacité des repreneurs à supporter les pertes importantes d’Artemis qui inquiète les salariés. Souffrant du manque d’investissements de son précédent propriétaire, Artemis a en effet généré une perte opérationnelle représentant environ 20% de ses facturations en 2008. Et le déficit d’exploitation pourrait prendre du temps à résorber.

 

Les salariés craignent donc que, pour atteindre son objectif de retour à l’équilibre en 2011, SIS ne soit contraint de restructurer Artemis en profondeur. Dans cette hypothèse, les salariés auraient bien voulu obtenir des garanties concernant l’emploi. Garanties que se sont bien gardé d’apporter et le vendeur et le repreneur.

 

Dans ce contexte, les salariés ont menacé de faire grève puis ont envoyé une délégation au siège d’EDS à Nanterre pour plaider leur cause. Sans résultat. Faute de pouvoir empêcher la vente, ils ont pris l’initiative d’écrire à Yves de Talhouët, patron de HP-EDS France, pour l’avertir que si les risques sur l’emploi qu’ils voient dans cette transaction venaient à se réaliser, ils n’hésiteraient pas à exiger de leur précédent propriétaire qu’il assume ses responsabilités en contribuant éventuellement à l’indemnisation des salariés licenciés.