Interxion inaugure sont datacenter n°5 à Saint-Denis. Avec 4.000 m2 d’hébergement, ce centre Tiers 3 est un des plus importants d’Europe. L’occasion de faire le point avec le DG d’Interxion, Fabrice Coquio.

 

Channelnews : Deux data centers, le 5 et le 6, qui ouvrent en deux mois et un numéro 7 en projet, ça se bouscule chez Interxion !


Fabrice Coquio : On a inauguré le bâtiment 6 le 17 septembre à Ivry-sur-Seine, soit 2 mois avant le 5 qui ouvre la semaine prochaine à Saint-Denis. Cela peut paraître curieux mais le 5 est une création ex nihilo alors que le 6 est l’ancien centre de données du Crédit Foncier que nous avons reconditionné. Quant au 7, il en est actuellement à la phase de définition.

Le numéro 5 est situé à Saint-Denis. Cela ne pose-t-il pas trop de problèmes d’intégration dans un environnement plutôt urbain ?


Fabrice Coquio : Vouloir ouvrir un centre, c’est avoir une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête. Nous entrons dans le cadre des installations classées pour l’environnement, ce qui nous soumet à une autorisation préfectorale. Tout dépend en fait de l’interprétation du commissaire instructeur. Nous avons par exemple déposé des dossiers pour Nanterre et Bobigny qui, bien que traités au même moment, n’ont pas donné lieu aux mêmes demandes arbitraires.

Nous participons en ce moment à l’élaboration d’un code de bonne conduite européen des dat acenters. Il en sortira un axe de recommandations et, vraisemblablement, ensuite une réglementation à laquelle la France devra se plier.

Ce sera sans doute quelque chose de plus propre que le texte actuel, qui est un peu dépassé. Il faut savoir que nous sommes logés à la même enseigne que les cimenteries ou les pizzérias. Il faut espérer que les commissaires instructeurs travailleront à l’avenir dans un cadre plus simple.

Où en est votre démarche green IT ?


Fabrice Coquio : Nous l’avons intégrée depuis 2006 et elle s’applique aux stades de la conception, de la construction et de l’exploitation. Le green IT est plutôt un effet de mode; Il répond cependant à une demande effective des clients qui s’inquiètent d’une future taxe carbone qui pourrait s’appliquer à la consommation électrique de leurs plate-formes. On n’en est à ce stade qu’à des démarches d’exploration sans effet discriminant. Cela pourrait toutefois changer d’ici un an. Cela dit, le green IT est une démarche nécessaire et souhaitable avec un enjeu économique.

Cela change-t-il les relations avec les collectivités locales ?


Fabrice Coquio : La réglementation ICPE est un levier utilisé par la préfecture et par les municipalités en espace dense, qui rend le dialogue nécessaire. Et cela très en amont du projet. Notre bâtiment 5 à Saint-Denis demande ainsi beaucoup d’efforts de notre part. Nous lui avons donné un habillage spécifique avec un effet de vagues. Nous avons également prévu une illumination nocturne du bâtiment, une végétalisation à ses abords ainsi qu’une protection sonore et visuelle pour les habitants du quartier. Aujourd’hui, un datacenter en environnement résidentiel ne doit pas dépasser les 50dB. C’est le bruit que fait votre lave-vaisselle.

Envisagez-vous comme certains concurrents de récupérer la chaleur ?


Fabrice Coquio : Notre missions principale est de faire tourner des applications critiques, non d’alimenter les HLM ou les bâtiments publics en chaleur. Cela dit, pour nos centres 3 et 5 nous avons voulu voir avec les municipalités s’il n’y avait pas moyen de récupérer quelque chose. Lorsque nous avons déposé nos permis de construire, les administrations n’avaient toujours pas déposé de projets. Nous avons donc tout abandonné. Nous ne travaillons pas au même rythme que les aménageurs.

En début d’année, vous pronostiquiez 30% de croissance cette année. Où en êtes-vous aujourd’hui ?


Fabrice Coquio : Nous avons fait 36%. Nous allons dépasser les 32 millions d’euros en 2009 et nous visons 45 millions d’euros en 2010, ce qui représente quasiment 50% de croissance. Nous sommes passés à travers la crise. Nous avons beaucoup de chance d’être dans une activité portée par les vagues de l’externalisation, de l’Internet mobile, de la sécurisation…

La progression du marché des data centers est évaluée à 23/25% par an. Nous sommes donc bien au-delà. Interxion est d’ailleurs n°1 sur le marché français et espère bien le rester, même si cela ne constitue pas un objectif en soi.