Interxion, qui va ouvrir deux nouveaux datacenters cette année, n’a pas peur de la crise. De nombreux facteurs poussent en effet à l’externalisation comme nous l’explique son DG Fabrice Coquio.

Channelnews : Vous avez ouvert deux centres en 2008 et vous apprêtez à en commercialiser un autre en avril. Apparemment vous ne souffrez pas de la crise ?

 

Fabrice Coquio : Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 25,4 millions d’euros, ce qui représente une croissance de 51% en 2008. Et cette année, nous ouvrirons en réalité deux centres. Celui d’Ivry au printemps, qui est en fait l’ancien datacenter d’une grande banque française que nous avons mis aux normes, et un établissement qui ouvrira à Sain-Denis vers le mois de novembre. Cela nous fera en tout 6 centres sur la région parisienne alors que notre concurrent le plus important n’en a que 2.

Les datacenters répondent à un véritable besoin des entreprises, notamment des grands comptes qui souhaitent répartir leur informatique sur des sites distants. Créer un datacenter représente un investissement très important pour une société. A titre d’exemple, celui de Saint-Denis coûte 46 millions. Et puis c’est un véritable casse-tête. Il faut du foncier, des connexions électriques et la présence d’un backbone. Sans oublier que la réglementation s’est durcie.

On ne peut plus installer de générateurs à l’extérieur ni de cuves de fioul à l’air libre. Il faut aussi un traitement spécifiques des façades. Et puis comme je le disais le problème du foncier est très critique. Un datacenter doit être près du périphérique. On parle de désert français. En terme d’infrastructures télécoms, celui-ci commence après le périphérique.

Il y a quelques zones bien desservies comme la plaque de la Défense, la zone nord du côté de Saint-Denis et puis une nouvelle plaque du côté de Charenton, le long de l’autoroute A4 en direction de Marne-la-Vallée. Et puis c’est tout. Je crois que nos collègues qui se sont installés près de Massy le regrettent. Tout ceci explique que les entreprises préfèrent externaliser.

 

En période de crise les banques ne rechignent-elles pas à vous avancer de grosses sommes ?

 

Fabrice Coquio : Interxion n’a aucun souci de ce côté là et ceci pour plusieurs raisons. La première est que nous avons des revenus récurrents. Nous favorisons les contrats de 5 ans et plus, ce qui nous donne une visibilité appréciée par les banques. D’autre part nous avons des clients qui ont pignon sur rue. Ce ne sont pas des Abc.com et autres Xyz.net mais de gros intégrateurs comme Bull ou HP et des entreprises du CAC 40 comme Carrefour, Louis Vuitton ou Europcar.

Nous avons aussi un churn très limité puisqu’il est inférieur à 1%. Tout nouveau contrat nous assure donc une croissance très forte. Enfin, notre ROI est très rapide. Nous avons d’ailleurs obtenu une ligne de crédit 135 millions d’euros il y a un peu plus de 2 mois et nous sommes sur le point d’obtenir un nouvelle ligne très importante auprès de banques européennes.

 

Vous prévoyez une croissance de 30% cette année. C’est moins qu’en 2008.

 

Fabrice Coquio : Oui car nous manquons de place pour accueillir de nouveaux clients. Le centre de Saint-Denis ne sera vraiment opérationnel qu’en 2010, une année où nous tablons sur une progression de 50%. Ce sont des chiffres que nous pouvons tenir car nous sommes portés par plusieurs vagues : la tendance à l’externalisation, les difficultés qu’ont les entreprises à mettre à niveau leurs datacenters, notamment à cause du bladestockage et des bladeservers qui ne leur permettent plus d’upgrader leurs installations, l’informatique communicante qui exige des réseaux importants ainsi que la présence de nœuds de concentration à proximité et enfin le green business qui n’est pas qu’un effet marketing et de mode.

 

Vous le pensez-vraiment ?

 

Fabrice Coquio : Oui, Interxion participe d’ailleurs à la mise en place d’un code de bonne conduite avec la Commission européenne. La gestion de l’énergie n’est pas qu’une plaquette de pub, c’est la recherche de l’efficience. La facture énergétique coûte cher. Elle représente en moyenne 30% du coût de l’hébergement. Savez-vous que certains clients payent 100.000 euros par mois de facture EDF ? D’autre part, les entreprises découvrent aujourd’hui que dans 1,3 ou 5 ans ils devront payer une taxe carbone qui tiendra compte de la consommation énergétique de leurs datacenters.

Chez Interxion nous sommes très sensibles à l’environnement. Nous avons obtenu un prix de l’ADEME pour la toiture végétalisée de Saint-Denis et nous obligeons les sociétés de nettoyage qui interviennent chez nous à utiliser des produits éco-dégradables.