Certains bilans de SSII témoignent déjà d’un ralentissement de l’activité. Une situation qui devrait s’aggraver selon Aurel BGC qui fut le premier à tirer la sonnette d’alarme au mois de novembre.

 

En novembre 2008, Aurel BGC publiait une étude prédisant une année 2009 sombre pour les SSII. C’était à l’époque un discours à contre-courant, le Syntec et la plupart des analystes prévoyant au contraire une simple contraction de la croissance. Aujourd’hui, force est de constater que la société d’investissement avait raison. Les ennuis ont même commencé au cours du 4ème trimestre. Une situation que beaucoup de sociétés de services ont tenté de camoufler derrière des résultats 2008 encourageants, sinon flamboyants. Il fallait ainsi éplucher les chiffres avec obstination pour découvrir une réalité qu’il est désormais de plus en plus difficile d’escamoter.

 

Aujourd’hui, l’auteur de l’étude d’Aurel BGC, Brice Thébaud, confirme plus que jamais la tendance qu’il avait été parmi les premiers à déceler. « Les dépenses globales et les logiciels ont tout d’abord souffert, les SSII étant les dernières à être touchées. C’est malheureusement depuis le 4ème trimestre le segment qui ralentit le plus fort et ce sera probablement pire à partir du 2ème trimestre 2009. » Il n’attend pas d’embellie avant 2011. « S’il y a un rebond de l’économie en 2010, les entreprises vont tout d’abord investir dans les équipements et dans les logiciels. »

 

Les secteurs de la distribution, de l’assurance, des transports et de la banque étant les plus touchés, ce sont les sociétés de services qui sont très présentes sur ces marchés qui ont le plus de souci à se faire. Au contraire celles qui sont très impliquées dans les secteurs de l’administration et de l’énergie – en pleine restructuration – seront relativement épargnées. « On peut éventuellement y ajouter celles qui sont spécialisées dans les télécommunications. A condition toutefois qu’il y ait prochainement quelques révolutions majeures, ce qui n’est pas établi. »

 

Toutes les SSII ne sont pas à la même enseigne

 

« Tous n’en mourraient pas, mais tous étaient atteints. » La célèbre formule de La Fontaine est ici de circonstance. Comme pour la peste, les plus robustes s’en tireront le mieux. Une petite société avec beaucoup d’ingénieurs en intercontrat sur les bras aura bien du mal à résister sans licencier. Et comme un licenciement coûte cher….

 

A l’opposé, une grande structure ayant qui plus est investi dans l’offshore pourra affronter l’avenir avec plus de sérénité. L’offshore qui d’ailleurs est une plaie pour beaucoup de SSII. Avec les difficultés de financement qui ralentissent les investissements des entreprises et le modèle SaaS qui ferme le robinet de certaines prestations juteuses, elle mérite assurément de figurer sur le podium des calamités que connaissent le secteur.

 

Il y a un autre point sur lequel Brice Thébaud est en désaccord avec certains de ses collègues analystes : le poids de la récession actuelle sur le secteur des TIC. « J’entends généralement dire que la crise que nous vivons en ce moment n’a rien à voir avec celles qu’on a connues dans un passé récent. Je ne suis pas de cet avis. Comme il y a une relation forte entre PIB et secteur IT, si le premier plonge, le second suit. Or le PIB est touché. » CQFD.