Les salaires ont été gelés chez Microsoft France alors que la filiale a enregistré la meilleure croissance du groupe. L’annonce de la hausse du salaire de base du PDG a jeté de l’huile sur le feu.

 

Les salariés de Microsoft France, même les mieux notés, ne bénéficieront d’aucune augmentation de leur rémunération au cours de l’exercice 2009-2010 (1er juillet au 30 juin). Ils en avaient été informés officieusement via leurs instances représentatives dès la fin de l’hiver mais ils en ont eu la confirmation officielle au cours des revues annuelles qui se sont déroulées cet été. Seules les personnes promues à un nouveau poste pourront bénéficier d’un coup de pouce.

Ce gel des salaires décrété par la corporation leur reste d’autant plus en travers de la gorge que la filiale française de l’éditeur a obtenu les meilleurs résultats de toutes les filiales du groupe au cours de l’exercice qui vient de s’achever avec une croissance de 10% du CA (voir l’article que nous avions consacré à ce sujet). « On nous a expliqué que nous devions être solidaires avec le reste du groupe, explique un délégué syndical. Mais personne n’est dupe. Quand les affaires étaient bonnes, le budget consacré aux augmentations était réduit au strict minimum et si les résultats de la filiale venaient à faiblir, nous serions immédiatement pénalisés ».

Cet élu dénonce au passage la manière avec laquelle la direction de Microsoft France a procédé dans cette affaire. « [Cette dernière] s’est tout simplement mis dans l’illégalité en ne jouant pas le jeu de la concertation avec les syndicats dans le cadre de la Négociation annuelle obligatoire (NAO) et en n’attendant même pas notre procès verbal d’accord pour mettre en œuvre sa politique salariale. » Le fait que le directeur des ressources humaines ait quitté l’entreprise il y a six mois et qu’il ne soit toujours pas remplacé à ce jour, ne facilite apparemment pas le dialogue.

La grogne est train de tourner à la polémique depuis que les média ont révélé que le salaire de base de Steve Ballmer, le PDG de l’entreprise, avait augmenté de 4% sur l’exercice clos le 30 juin dernier. Exercice sur lequel l’entreprise a pour la première fois de son histoire enregistré une baisse de son chiffre d’affaires (-3%). Sans parler des résultats qui ont reculé de 17,5%.

Le PDG a immédiatement répliqué en révélant via un document diffusé par le Conseil d’Administration aux actionnaires, que son salaire de base à certes augmenté (de 25.000 dollars) mais que sa rémunération variable avait diminué dans une proportion supérieure (100.000 dollars). Au final donc, les revenus de Steve Ballmer seraient en recul de 5,5% à 1,265 million de dollars. Et le document de souligner que Ballmer est bien moins payé que ses homologues, lesquels toucheraient en moyenne 14 millions de dollars. Un patron modestement payé peut-être mais qui reste le deuxième actionnaire de sa société avec 4,57% des parts.