Fondateur et président de la SSII Netapsys, Yoann Hébert note que les prémisses de la crise affectent déjà le marché des services informatiques. Il livre son analyse sur ses conséquences prévisibles.

Yoann Hébert est fondateur et président de Netapsys, une société d’ingénierie informatique d’une quarantaine de collaborateurs spécialisée dans les nouvelles technologies.

 

Channelnews.fr : à contre-courant du discours dominant, vous estimez que les effets de la crise sont déjà palpables dans les services informatiques. Qu’est ce qui vous fait penser cela ?

Yoann Hébert : il y a des signes qui ne trompent pas, le marché est clairement en train de se retourner. Ainsi, nous sommes de plus en plus sollicités par des confrères qui cherchent à placer des profils en inter-contrat. D’ailleurs le phénomène peut se constater sur les places de marché spécialisées. Jusqu’à cet été, le nombre d’offres de profils et de demandes s’équilibrait. Depuis septembre, les offres sont trois à quatre fois plus nombreuses que les demandes.

 

Pourtant, à en croire la plupart de vos confrères et la chambre professionnelle Syntec, le secteur des services informatique a pour l’instant été épargné par la crise.

Yoann Hébert : cette affirmation relève du déni de réalité. Cette attitude peut s’expliquer par le décalage qui existe entre le moment où l’on prend les commandes et le moment où les projets sont livrés. De fait, pour beaucoup de SSII la crise est encore virtuelle et va mettre encore plusieurs mois à se matérialiser. Et, selon leur profil, leur degré d’exposition variera. Ainsi, celles qui sont spécialisées dans les services de régie pour le secteur bancaire sont déjà impactées tandis que celles qui sont au forfait pour le secteur public sont encore épargnées. Mais la contagion est inévitable. Les premières touchées vont aller chercher des relais de croissance sur les marchés des secondes. Et le phénomène va être amplifié par la propagation de la crise à l’ensemble de l’économie. L’année 2009 sera plus dure que prévu.

 

Quelles vont être les conséquences de cette crise et quels sont les acteurs les mieux armés pour l’affronter ?

Yoann Hébert : la première conséquence va être une pression accrue sur les tarifs. Celle-ci est déjà sensible pour les profils de type junior ou les personnes en reconversion. Les clients vont chercher à accélérer leur retour sur investissement tout en limitant les risques. Ils vont par exemple privilégier les projets de rationalisation de l’existant au détriment des nouveaux projets. Nous constatons ainsi un allongement des périodes de garantie et de maintenance des applicatifs en vue de prolonger leur durée de vie. Cela va favoriser les sociétés intervenant en mode forfait, capables d’apporter des méthodes, des outils, du sur-mesure et de s’engager sur des résultats au détriment de celles qui ont fondé leur valeur ajoutée sur la mise à disposition des clients de profils.