L’Etat ne veut pas faire du « Huawei bashing » et sa posture n’est pas anti chinoise, cependant le fabricant chinois est pratiquement exclu des équipements 5G en France. « Nous sommes dans une gestion de risques. Tous les équipementiers télécoms ne se valent pas. Je ne cite pas de nom, mais il est clair que l’on n’est pas dans les mêmes risques quand on parle d’équipements chinois ou américains », a expliqué aux Echos Guillaume Popard, directeur général de l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information). Il précise que la situation serait aussi gênante, voir même catastrophique si tous les opérateurs de l’Hexagone avaient recours au même équipementier, fût-il français.
La quasi exclusion d’Huawei ne plaira pas à Bouygues et à SFR qui comptaient bien faire entrer l’équipementier en force dans la boucle pour le déploiement de leur réseau 5G, comme ce fut le cas pour la 4G. Mais sur ce dernier point l’Anssi se montre aussi réticente. Guillaume Poupard indique que les opérateurs qui utilisent déjà des équipements recevront huawei des autorisations dont la durée variera entre trois et huit ans.
De quoi leur permettre de déployer une 5G stand alone qui repose sur des installations 4G, lesquelles demandent toutefois une évolution matérielle. Guillaume Poupard propose toutefois à ces opérateurs de remplacer leurs équipements 4G actuels qui pourront ensuite être utilisés pour la 5G et ainsi rentabilisés.
De son côté, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a exhorté Paris à garantir un environnement « équitable et non discriminatoire » aux entreprises de son pays.
Interrogé sur le développement du télétravail Guillaume Poupard a expliqué qu’il était très dangereux de s’appuyer sur les outils personnels des salariés. « Quelle garantie de confidentialité peut-on avoir sur les visio-conférence sur Zoom ? Aucune », s’est-il notamment interrogé, ajoutant qu’il valait mieux s’appuyer sur Microsoft Teams « beaucoup plus sûr vis-à-vis du piratage ». Des paroles qui résonnent étrangement alors que Zoom– dont le fondateur est d’origine chinoise – vient d’annoncer avec fracas 100 améliorations dans son produit, dont certaines concernent la sécurisation du logiciel. Apparemment, ce n’est pas suffisant pour convaincre le patron de l’Anssi.