L’année 2009 s’était terminée par un déménagement qui avait échauffé certains esprits, 2010 commence par une grogne des commerciaux qui contestent le nouveau plan de commissionnement imposé par la direction.

Les salariés de Big Blue ont le blues et pas uniquement à cause de leur déménagement à Bois-Colombes. «  Il sont mécontents des salaires octroyés par une société qui fait du profit comme IBM. Les gens ne récoltent pas les fruits de leur travail. Depuis plusieurs années, on assiste à une réduction de la masse salariale et le mouvement s’accélère depuis 2008 », explique Gérard Chameau, délégué central CFDT.

D’après ce dernier, les plus mal lotis sont les commerciaux qui pourraient même voir leurs revenus sérieusement tronqués. « Tous les ans, IBM présente un plan de commission au CCE. A l’intersyndicale, nous ne sommes pas d’accord ni sur la forme, ni sur le fond. Tout d’abord nous estimons que ce plan doit faire partie des négociations salariales annuelles et non imposé par la direction. Ensuite, les règles ont été changées. Auparavant il fallait atteindre 10% de ses objectifs pour que le commissionnement soit enclenché.

 

Aujourd’hui, on impose un seuil de 55% avant que le salarié touche sa partie variable. De plus, la direction a ajouté des objectifs qualitatifs, ce qui est très subjectif. Ce plan peut représenter une baisse correspondant à un ou deux mois de salaire pour certains technico-commerciaux. De plus cela plonge certains salariés, notamment les jeunes, dans d’énormes difficultés car ils ont absolument besoin de ces commissions pour boucler leurs fins de mois. »


Une clause de hasard fort décriée


Une autre clause figurant dans le plan est dans le collimateur syndical, celle qui prévoit qu’au delà d’un certain seuil, IBM peut réduire le montant de la commission. «  La direction peut ainsi arbitrairement décider que le dépassement des objectifs est dû au hasard et non au travail des commerciaux et baisser le montant de la part variable », affirme Gérard Chameau.

L’intersyndicale CFDT, CFTC, CGC, FO, SNA et UNSA a distribué un tract appelant les personnes concernées à ne pas signer leur « quota letter », l’avenant au contrat de travail fixant leurs objectifs, considéré par ailleurs comme non conforme au droit du travail français par les représentants du personnel. Parallèlement elle a envoyé une lettre ouverte à Daniel Chaffraix et à son successeur Alain Bénichou demandant le retrait du plan et l’ouverture de négociations.

« Quand le président affirme que ce plan, imposé par les États-Unis, n’est pas négociable c’est faux. En Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas, les salariés ont réussi à faire supprimer les objectifs qualitatifs et à rabaisser le seuil de déclenchement de 55% à 15%. Nous avons par ailleurs engagé une action en justice contre ce plan », conclut Gérard Chameau.

Le moins que l’on puisse dire est qu’Alain Bénichou va connaître une entrée en fonction semée d’embûches.