Abandon de la caméra Flip, licenciement de 550 personnes, sort incertain pour la téléprésence Umi et les produits Linksys : l’incursion de Cisco sur le terrain du grand public se termine dans la douleur.

 

John Chambers avait cru pouvoir imposer Cisco sur le marché grand public. S’imaginant flairer un bon filon, celui de la téléprésence et de la vidéo domestique, il avait aussitôt entraîné sa société sur ce terrain instable à force de rachats, dont celui de Pure Digital, en mars 2009 pour 590 millions de dollars. Las, deux ans après, le patron du géant californien jette l’éponge et abandonne le caméscope de Pure Digital, rebaptisé entretemps Flip. On s’y attendait un peu depuis le départ de Jonathan Kaplan. L’ancien CEO de Pure Digital, recyclé responsable de la division grand public de Cisco, avait on s’en souvient été remercié en février dernier, les résultats de la branche qu’il dirigeaient subissant un plongeon de 15%.

Il ne sera pas le seul dans cette histoire à quitter l’entreprise, puisque John Chambers a fait provisionner 300 millions de dollars pour la « restructuration » de la division. Cet argent servira en partie à payer les indemnités de départ des 550 personnes qui seront licenciées au cours du 4ème trimestre.

Les clients et partenaires FlipShare (du nom du logiciel de partage et d’édition de Pure Digital) ne seront pas abandonnés paraît-il. Un plan de transition, dont on ne sait rien à ce jour, serait mis sur pied. On notera que parmi les partenaires en question figurent Apple et Google, qui hébergent l’application sur leur app stores respectifs.

L’offre de téléprésence domestique HD Umi, lancée au mois d’octobre dernier, subira quant à elle un sort moins funeste puisqu’elle sera récupérée par la division Business. Charge à cette dernière de mettre sur pied un nouveau plan de commercialisation et, peut-être, de changer de cible. Ce n’est un secret pour personne, le mode de commercialisation actuel avec abonnement d’Umi n’a pas séduit grand monde outre-Atlantique, handicapé par un prix trop élevé. Chez Cisco on laisse entendre que le produit pourrait dorénavant être distribué par les FAI.

Le reste de la gamme grand public, notamment la partie revendue sous la marque Linksys, serait maintenu et réparti entre les différentes divisions. Une promesse qui laisse dubitatifs les partenaires. « Nous assistons depuis un an à une réduction du nombre de produits. Certains produits arrivent par ailleurs en fin de vie et se pose la question de leur renouvellement », s’interroge Sylvain Blain, responsable marketing et communication de Distriwan, qui rappelle au passage que sa société fut le premier importateur de la marque en France. Ce qui ne l’empêche pas d’être aujourd’hui un spectateur impuissant de ce qui se joue en Californie.

Quant à la direction française de Linksys, elle était aujourd’hui aux abonnés absents. Les vacances sans doute.