Avec son nouveau programme partenaires, Microsoft a voulu rehausser la valeur à sa certification gold. Mais l’éditeur n’a-t-il pas été trop loin ? Nous avons posé la question à quatre de ses partenaires suivis.

 

Avant que Microsoft n’en durcisse les conditions d’éligibilité en novembre dernier, ils étaient 450 partenaires français à satisfaire aux critères de la certification Gold, soit le plus haut niveau d’expertise de l’éditeur. D’ici à la fin de l’année, celui-ci estime qu’ils ne seront plus que 250. Et encore, l’objectif paraît un tantinet ambitieux car, à ce jour, ils ne sont qu’une trentaine à être parvenu à la distinction suprême. « Un rythme normal, rassure toutefois Gwénaël Fourré, directeur marketing partenaires de Microsoft France, car le nombre de certifications à renouveler est plus important entre mars et juin. Jusqu’à présent, nous sommes dans les clous par rapport à notre objectif, puisqu’un Gold sur deux s’est mis en conformité avec les nouvelles règles ».

Soit. Mais sans présumer de la capacité – ni de la volonté – des partenaires Microsoft, il apparaît d’ores et déjà que ce renouvellement est particulièrement gourmand en temps, en ressources et en budget, selon les premiers témoignages. Ainsi, tous les partenaires que nous avons interrogés admettent avoir dû renoncer à certaines compétences faute de moyens suffisants pour se concentrer sur celles correspondant aux produits ou aux services sur lesquels ils réalisent le plus de business ou qui sont les plus directement liées à leur cœur de métier.


Pas plus de deux ou trois compétences dans un premier temps

Il est significatif de constater qu’aucun de nos interlocuteurs (y compris parmi les principaux) n’ait prévu d’en valider plus de deux ou trois (sur vingt-quatre) cette année. Tous envisagent d’acquérir d’autres compétences mais dans un second temps ou en se contentant d’un niveau de certification moins élevé (silver).

Et même pour deux ou trois compétences, les montants investis sont impressionnants. L’un de nos interlocuteurs évalue son budget formation à près de 100.000 € et à quelque 80 jours de manque à gagner en facturation. Un investissement multiplié par cinq voire dix par rapport aux années précédentes. Car, rappelons-le, chaque compétence nécessite quatre techniciens formés (qui ne peuvent de surcroît pas détenir plusieurs certifications). Du coup, là où la plupart des Gold ancienne mouture se contentaient de trois ou quatre ingénieurs certifiés, ils doivent désormais justifier de huit ou douze collaborateurs labellisés pour deux ou trois domaines de spécialisation.


Les délais de production se tendent

« C’est là que ce situe le point faible de ce programme », souligne un partenaire, qui s’arrache les cheveux pour essayer de concilier les dates de formation avec les disponibilités de ses collaborateurs. Un exercice d’autant plus difficile qu’en cette période de reprise, les délais de production se tendent.

Pour autant, personne ne remet en question le principe de cette montée en gamme des certifications : « c’est le sens de l’histoire. Tous les fournisseurs font de même. Ils veulent s’assurer du professionnalisme de leurs partenaires. D’autant qu’ils ont tendance à leur confier des projets de plus en plus importants ».

 

Des certifications qui n’ont aucun impact sur les prix

Seulement, chacun s’inquiète de savoir si le retour sera à la hauteur de l’investissement. Certes, il est encore trop tôt pour dresser un premier bilan sur ce point. Mais les partenaires ne se font pas beaucoup d’illusions : « ces certifications ne servent pratiquement qu’à notre image car, dans les faits, sous le couvert des cotations, tous les partenaires peuvent obtenir les bons prix et concurrencer les partenaires certifiés sans que les fournisseurs puissent faire quoi que ce soit ». Le durcissement des critères d’éligibilité ne devrait rien y changer.

Toutefois, tous espèrent que Microsoft valorisera suffisamment ces nouvelles règles en direction des clients pour que ceux-ci exigent les précieuses certifications lors de leurs futures consultations. Ils misent également sur l’accompagnement au quotidien de Microsoft. Un accompagnement dont ils espèrent qu’il sera encore plus différenciant puisqu’ils sont sensés être à terme deux fois moins nombreux à en bénéficier. « La réduction du nombre de partenaires sera forcément un atout », se rassurent-ils même si au fond nombreux sont ceux qui se certifient par défaut, estimant avoir plus à perdre qu’à gagner.