Pierre Ligier, responsable du secteur mobilité chez Niji, passe en revue l’évolution récente du marché des terminaux mobiles. Un marché où Apple et Google s’imposent au détriment des opérateurs.

Channelnews : Quels sont les faits qui ont marqué, selon vous, ces derniers temps le marché des terminaux mobiles ?

Pierre Ligier : Il y a d’abord la belle réussite de l’iPhone, un terminal avec son propre écosystème cohérent et avec une ergonomie très intuitive. Pouvoir browser comme sur un PC et éventuellement zoomer sur des pages qui ne sont plus pensées spécifiquement pour un terminal mobile, permet de se retrouver dans son environnement familier.

Grâce à sa puissance Apple a su s’imposer sur le marché. D’ailleurs l’Appstore est également une belle réussite. Au début j’étais un peu perplexe, je le trouvais trop verrouillé, un peu étriqué. Aujourd’hui je reconnais qu’il s’est imposé sur le marché. Malheureusement, c’est un système un peu fermé. Apple ne met en ligne que ce qui ne gêne pas son business. Il est difficile d’y être publié.

L’iPhone est en position de force comparé à Android, bien que Google, en s’ouvrant à l’Open Handset Alliance, a réussi lui-aussi a proposer un écosystème cohérent, allant du terminal à l’operating system. Un smartphone comme l’HTC Hero, qui fonctionne sur Android, rejoint les standards d’Apple en matière d’ergonomie. Cela dit, plus ouvert, le marché de l’Android est aussi plus permissif en matière d’applications. Celles-ci me paraissent donc moins sécurisées.

 

Les deux modèles vont cohabiter ?

Pierre Ligier : Je pense que les deux ont leur public. L’iPhone correspond a à une typologie d’utilisateurs haut de gamme qui souhaitent une ergonomie bien pensée et qui se sentent sécurisés par l’Appstore. Les clients plus techniques, plus critiques, vont sans doute vouloir évoluer avec Android.

Quel est l’avenir de Windows Mobile ?

Pierre Ligier : Il faudra voir comment les équipementiers vont se positionner. HTC, très « Windows Mobile » jusqu’à présent, sort des terminaux Android. Ses concurrents devront eux-aussi proposer un OS ouvert. En mettant Android à disposition, Google développe un modèle open source. Plus on utilisera celui-ci, plus la société vendra ses services. Elle va développer une politique Web basée sur ses moteurs de recherche. Elle en a les moyens.

Il faut également parler de l’oPhone, une initiative conjointe de Lenovo et de China Mobile, un opérateur qui a vendu 500 millions de mobiles dans son pays, ce qui n’est pas rien. Avec l’oPhone il peut se positionner pour proposer des services. C’est intéressant car avec l’iPhone et Android les services échappent aux opérateurs. Il leur est désormais difficile d’apporter une quelconque valeur ajoutée. On peut même parler de syndrome des opérateurs. Chaque fois que l’un d’entre eux veut s’engager dans les services, il retombe aussitôt sur son métier de base qui consiste à installer des tuyaux.

Chez nous, par exemple, Orange et SFR ont tenté de monter leur communauté de messagerie sans toutefois parvenir à atteindre la taille critique. Aujourd’hui, les opérateurs n’ont pas d’autre ressources que d’établir des partenariats avec Microsoft.

Que pensez-vous de l’abandon de Windows Mobile par Palm, lequel revient avec WebOS, un OS propriétaire ?

Pierre Ligier : C’est un pari risqué. Je suis très dubitatif quant à leur capacité de revenir sur le marché en ouvrant une 3ème voie. Leur initiative s’adresse plutôt aux amoureux de la marque qui souhaitent un terminal plus intéressant. Mais y-a-t-il encore de la place pour un petit ? Aujourd’hui pour rester sur le marché il faut de gros volumes de vente.