« L’alternative européenne » du semi-conducteur n’en finit pas de dépérir en attendant l’arrivée d’un hypothétique repreneur russe. Les actionnaires, IBM et Infineon, se retireront le 31 décembre.

 

Parmi les manifestants qui ont défilé hier à Paris, on remarquait une banderole de la délégation CFTC d’Altis sur laquelle on pouvait lire « 3.000 salariés sans avenir, merci IBM ».

Renseignements pris, il ne reste plus que 1.300 salariés chez le fabricant de semi-conducteurs né de la joint-venture entre Infineon et IBM et installé à Corbeil-Essonnes. Ce dont nous étions d’ailleurs sûrs. « Nous avons voulu marquer les esprits », reconnaît Didier Lecas, délégué syndical et secrétaire général de la fédération CFTC de l’Essonne, avant d’ajouter « La fermeture de l’usine impacterait de toute façon beaucoup de sous-traitants et d’entreprises présentes sur le site dont les employés ne seraient pas forcément reclassés. »


Selon lui, l’inquiétude a atteint son comble parmi les salariés. En cause les négociations qui traînent en longueur entre la direction et les repreneurs russes, le consortium AES/GIS. « Il y a bientôt deux ans qu’on nous parle de cela. Il y avait d’abord deux candidats, puis un. Aujourd’hui on ne sait plus s’il y a encore quelqu’un d’intéressé. La direction refuse de communiquer la moindre information au CE. Il semble que cela soit aujourd’hui un problème géopolitique », estime le syndicaliste.

 

IBM et Infineon : actionnaires et seuls clients

 

Au mois de janvier dernier, le maire de Corbeil-Essonnes, Serge Dassault, évoquait le dossier au cours d’une conférence de presse. « Comme Thales a des contrats avec les Russes, ils veulent faire en sorte que l’électronique soit fabriquée chez Altis », affirmait-il sans préciser qui était le candidat. Il évoquait toutefois le bouclage de l’opération pour le mois de février. Depuis, c’est le silence radio.

« Une chose est sûre, c’est qu’IBM et Infineon ont signé un pacte d’actionnaires dans lequel ils précisent qu’ils se retireront le 31 décembre 2009. Sans repreneur, il n’y aura plus d’actionnaires et plus de clients puisqu’IBM et Infineon sont les seuls à se fournir chez nous », s’inquiète Didier Lecas.

Nous essayé vainement d’avoir le point de vue de la direction. La standardiste nous a fait savoir qu’elle n’était pas autorisée à répondre à notre souhait. « Nous ne travaillons que sur liste nominative », nous a-t-elle affirmé. Une tentative auprès du service communication n’a pas eu plus d’effet. « Je suis en congé jusqu’au 17 novembre », peut-on entendre sur le répondeur de la responsable. Quant au site de l’entreprise, il est figé depuis décembre 2007. Léthargie ou mort annoncée ?