L’alliance nouée la semaine dernière entre Novell et VMware devrait permettre de doper la distribution de Novell dans son combat avec Red Hat mais aussi d’abaisser sensiblement la facture système d’exploitation des entreprises.

 

Le nouveau partenariat noué entre VMware et Novell va se traduire par la migration progressive de l’ensemble des appliances virtuelles de VMware sur la distribution Novell SUSE Linux Enterprise Server (SLES). Il va aussi permettre à VMWare de distribuer gratuitement la distribution Suse Linux Entreprise Server avec son hyperviseur à ses clients. L’accord, annoncé aujourd’hui, devrait assurer une cohérence bienvenue entres les appliances virtuelles VMware et donner un coup de pouce à SUSE face à ses concurrents Red Hat et Ubuntu.

Selon les termes de l’accord, Chaque client de VMware pourra recevoir gratuitement une licence de SLES pour chaque achat de licence vSphere 4.0 ou 4.1 – cette dernière mise à jour est attendue durant l’été – effectué auprès de VMware ou d’un de ses revendeurs. L’offre n’est en revanche pas valide pour les achats effectués au travers d’un OEM sauf en cas de contrats de licences d’entreprises. Il faudra donc préalablement bien se renseigner auprès de son fournisseur pour savoir si l’offre SUSE est valide selon le mode d’achat. Les clients SUSE for VMware, bénéficieront comme tous les clients SUSE des correctifs et des mises à jour, mais seulement si leur contrat de support VMware est à jour. Ils pourront aussi, s’ils le souhaitent, souscrire une offre de support SUSE au travers de VMware à partir du 3ème trimestre 2010. VMware n’a pas précisé ce qu’il reversait à Novell pour distribuer SUSE gratuitement avec ses produits.

VMware distribue déjà plusieurs de ses produits sous la forme d’appliances comme vCenter CapacityIQ ou Update Manager. Des produits tels que la messagerie Zimbra devraient aussi à terme être packagés sous la forme d’apliances, explique Bogomil Balkansky, le vice-président du marketing produit deVMware. Selon ce dernier, «cet accord OEM nous donne un bon moyen de normaliser toutes les appliances virtuelles que VMware distribue». L’éditeur n’a en effet pas été systématique sur les distributions Linux qui sous-tendent ses appliances virtuelles, offrant certaines sur Ubuntu, par exemple, et d’autres sur Debian. Le passage à SLES sera progressif selon Balkansky : « Il n’y aura pas de big bang», a-t-il ajouté. « Il y a de fortes chances, que différents produits migreront selon leur propre calendrier ».

Novell SUSE Studio permet déjà de produire simplement des appliances SUSE pour VMware explique Mark Vaughn, un architecte d’entreprise pour un grand compte VMware. Dans sa propre entreprise, il a déjà migré vers OpenSUSE après des années d’utilisation de Red Hat. Vaughn invoque la qualité supérieure des pilotes matériels ainsi qu’une plus grand simplicité d’installation et d’administration. L’accord avec VMware pourrait ajouter un avantage supplémentaire : une facture logicielle nettement réduite.

SAP : une des raisons majeures du choix de VMware

Red Hat est largement en tête du marché des distributions Linux avec une nette marge sur SUSE, ce qui pose la question de savoir pourquoi VMware a choisi Novell. Pour Balkansky, le principal atout de Novell était le large éventail de certifications logicielles sur SUSE et notamment celle de SAP. «SAP est une application prioritaire pour nous», explique-t-il. « Nous avons une très bonne relation avec SAP, et SUSE est la distribution Linux préférée pour SAP ».

Une autre raison est sans doute que Red Hat dispose désormais de sa propre stratégie de virtualisation, qui le place directement en concurrence de VMware. Un autre problème est que les politiques d’octroi de licences Red Hat ne sont pas aussi favorables aux environnements virtualisés que celles de Novell, explique Vaughn. Selon lui, la stratégie de Red Hat en matière de virtualisation et sa politique de licences en environnements virtualisés amènent des plus en plus de grands comptes à s’intéresser à Novell.

« Notre objectif est d’être le plus interopérable et le plus performant des système d’exploitation Linux sur un large ensemble de plates-formes de virtualisation», explique Joe Wagner, le vice-président et responsable des alliances mondiales de Novell. «En s’associant avec VMware, nous atteignons tous ces points». L’accord Novell-VMware n’affecte pas l’engagement de Novell d’intégrer des capacités de virtualisation basées sur Xen et KVM, indique toutefois Wagner : «Notre stratégie est toujours de distribuer et de soutenir les environnements de virtualisation libres les plus populaires ».

Il reste désormais à voir si la bénédiction de VMware aura un effet important sur les ventes de licences de SUSE. Une autre question à se poser est celle du rôle que pourrait avoir VMware dans la vente annoncée des actifs de Novell. VMware dispose déjà d’une plate-forme de virtualisation, d’une couche de middleware, de multiples outils d’administration et de ce qui est sans doute le meilleur serveur de messagerie libre du marché. Un mariage avec Novell lui apporterait les briques qui lui font aujourd’hui défaut, notamment une couche de système d’exploitation et de génération d’appliances, d’excellents outils de gestion du cycle de vie des applications ainsi que des briques de gestion des identités et de sécurité.


Article dérivé d’un article en anglais d’Alex Barett, SearchServerVirtualization.com, et enrichi par la rédaction du MagIT

Egalement sur LeMagIT :

Serveurs : virtualisation et rationalisation triomphent; Windows jugé plate-forme critique

Processeurs : adoubée par l’iPad, ARM se sent pousser des ailes pour bousculer le x86