Éric Belile va céder son entreprise, la Générale de bureautique, à ses salariés. Il renonce ainsi à « plusieurs offres de rachat intéressantes de la part de grosses entreprises ou de fonds de pension » a-t-il confié au Nouvel Observateur.

« Aujourd’hui, j’emploie 45 salariés. Nous avons 5.000 clients avec lesquels nous sommes liés par des contrats qui s’étendent sur cinq ans. La société est en croissance constante. Pourtant, d’ici quelques années, je vais prendre ma retraite. Je dois donc anticiper mon départ, tant pour mes salariés que pour notre clientèle », poursuit le chef d’entreprise nantais de 56 ans qui a consacré 27 ans de sa vie professionnelle à développer ce qu’il appelle son « bébé ».

Basée à Nantes, avec trois autres agences en Bretagne, La Générale de bureautique assure la vente et l’entretien d’équipements informatiques et bureautiques mais propose également des services IT, de l’intégration documentaire et des services d’impression.

Eric Belile estime que céder son entreprise à un groupe déboucherait fatalement sur des licenciements. « Pour éviter les doublons et réduire les coûts, le nouvel acquéreur n’aurait pas hésité à se séparer de certaines personnes. Des gens que je côtoie depuis 10, 15, voire 20 ans allaient être mis à la porte. » Quitter le navire en prenant l’argent était quelque chose qu’il est incapable d’envisager. « Je ne pouvais pas faire ça à ma deuxième famille. Dans mon esprit, tout est devenu très clair : l’entreprise devait rester entre les mains de ses salariés. »

Renonçant à empocher 4 millions d’euros, Eric Belile a fait le choix d’un LBO qui permet à ses salariés de racheter l’entreprise grâce à un emprunt bancaire. Pendant 7 ans, il conservera 51% des actions, le reste étant réparti entre 5 cadres de la société. Une solution qui devrait permettre une transition en douceur. Il se déclare d’ailleurs prêt à aider ses futurs associés à prendre les rênes de la société en leur donnant des cours du soir.

Eric Belile s’est fait connaître il y a une dizaine d’années par « Le petit Beur nantais », un livre qui raconte son enfance peu banale. Arrivé dans la capitale des ducs de Bretagne en 1962, ce petit dernier d’une famille algérienne avec 5 enfants, a passé les premières années de sa vie dans un appartement de 12 m2, entouré de sa mère, d’oncles, de tantes et de cousins. Après un passage chez les frères de l’école Saint Pierre, des cours du soir, la rencontre avec une certaine madame Bourdet et de nombreuses péripéties, il a créé sa société à l’âge de 29 ans. Une société dont l’avenir résidera un jour dans les mains de ses salariés.