APX a fait le choix il y a trois ans suite au rachat de Kappa de s’éloigner du métier de la revente pour se positionner sur celui de Cloud builder. Une activité qui pèse désormais près de la moitié de ses ventes, selon Bruno Lampe, son PDG.


Comment se porte APX ?

Bruno Lampe : À périmètre constant, APX a réalisé 134 M€ de chiffre d’affaires pour l’année fiscale 2012-2013 close fin septembre avec un effectif de 350 personnes, contre 128 M€ la précédente, soit une croissance de 4,6%. Mais c’est surtout du résultat d’exploitation dont nous sommes satisfaits : il a atteint 3,5 M€ contre 2 M€ l’exercice précédent.

Le Cloud semble être votre principal voire unique sujet de communication depuis trois ans.

Après avoir fait une incursion dans la maintenance de PC et être monté à un effectif plus de 1.000 collaborateurs, APX est revenu, depuis la vente de Getronics à Spie Com il y a deux ans, à une taille de bonne PME, plus manœuvrante, recentrée sur l’architecture technologique et en particuliers sur celle des datacenters. Le Cloud et ses déclinaisons (telles que la virtualisation) représentent désormais près de la moitié de notre activité. Nous pensons à ce titre être le premier Cloud builder en France. Le reste de notre activité consiste toujours à fournir des infrastructures à façon en mode traditionnel…

Pourquoi cette mutation ?

Bruno Lampe : Dans les années 2006-2010, on a compris qu’il fallait intensifier les services. On a commencé par la virtualisation en 2008. Le rachat de Kappa en 2010 nous a permis d’intensifier la massification de la virtualisation chez nos clients. Depuis lors, on les fait monter peu à peu vers l’orchestration, le provisionning et la construction de leur catalogue de services. Cette évolution s’accompagne du développement d’offres innovantes. C’est ainsi que nous avons sorti dès 2011, peu après le rachat de Kappa, le vPack, notre offre pré-packagée de Cloud privé. Une offre que nous avons complétée avec des développements maison, notamment vConso, un logiciel de charge back (refacturation interne), et vStack, une solution de provisionning, puis tout récemment Plug2watt, une offre prépackagée de Cloud hybride. À noter que nous fournissons de plus en plus d’assistance à la maîtrise d’ouvrage et de conseil. Les clients sont un peu perdus et cherchent des partenaires de confiance capable de les accompagner sur ce long chemin du Cloud.

Une nouvelle clientèle

Bruno Lampe : On ne s’adresse plus exclusivement à des clients finaux. Une part de plus en plus importante de notre chiffre d’affaires (environ 30%) est actuellement constituée de nos confrères : hébergeurs, Cloud service providers, opérateurs… Comme les premiers, nous les accompagnons dans la transformation de leur datacenter en centre de services Cloud. En faisant le choix, il y a trois ans, de ne pas avoir de datacenter en propre et donc de nous concentrer sans ambiguité sur le métier de Cloud builder, on s’est mis en position de travailler avec cette nouvelle clientèle… Et le facteur positif c’est que le métier de Cloud service provider ne va pas se stabiliser de sitôt. Il va y avoir encore de profonds bouleversements et donc des opportunités de transformations. De quoi nous garantir du business pendant au moins cinq ou six ans encore. Cela me rappelle le tournant Internet des années 2000. Comme à l’époque, les cartes vont être totalement redistribuées.

Le poids du soft

Bruno Lampe : Le software prend une place de plus en plus importante dans notre chiffre d’affaires. En deux ans, son poids a doublé passant de 15% de notre activité vente de technologies à 30%. On s’est rendu compte au passage que le soft générait plus de services que le hard (car il induit plus de complexité). C’est un moyen d’accélérer la mutation vers les services (qui pèsent désormais 40% du chiffre d’affaires). C’est une évolution qu’on souhaite étayer en référençant de nouveaux éditeurs.

Le Cloud public fait encore peur

Bruno Lampe : Le latin n’est pas porté sur l’outsourcing. Avec les scandales liés aux écoutes de la NSA, le Cloud public a perdu 24 mois de plus en France. Le Cloud public ne vivra que si le Cloud privé réussi. Les très gros proposent le grand saut mais oublient de fournir les lunettes et le parachute. Avant de basculer totalement dans l’OPEX, il est nécessaire de tenir compte de l’existant et de transformer par étapes.

Comment se présente 2014 ?

Bruno Lampe : Pour l’exercice en cours, nous sommes confiants : notre rentabilité continue de s’améliorer et on reste manœuvrants ce qui nous permet de continuer à explorer de nouvelles approches. L’objectif  est d’atteindre 140 M€ de facturations et surtout d’améliorer encore le résultat d’exploitation. Nous pensons ouvrir 20 nouveaux postes supplémentaires au cours de l’année : des experts sécurité, réseau, virtualisation, orchestration… On envisage également l’acquisition de petites structures spécialisées dans la virtualisation de réseau ou le stockage virtualisé. Des acteurs pointus dans le conseil et la mise en œuvre.