L’enseigne informatique s’apprête à licencier dix salariés convaincus d’avoir indûment utilisé des bons de réduction. Une étonnante affaire à l’heure où se profile un plan de plus de deux cents licenciement potentiels.

L’enseigne Surcouf a-t-elle commencé sa restructuration avant l’heure ? Alors que se rapproche l’échéance de la présentation de son plan de redressement au tribunal de commerce (prévue le 6 juin), dix salariés du magasin Haussmann viennent d’être convoqués en entretien préalable de licenciement pour faute grave. Deux d’entre eux ont déjà reçu leur notification de licenciement. Les autres devraient suivre.

La direction leur reproche d’avoir utilisé à leur profit des bons de réduction normalement réservés à la clientèle. Pour la plupart d’entre eux, les montants litigieux sont dérisoires : de quelques euros à une vingtaine d’euros. L’enseigne invoque le défaut de loyauté et le préjudice subit pour justifier sa sévérité.

Les instances représentatives du personnel ont une autre lecture de cette affaire : elles y voient un prétexte pour commencer à écrémer avant l’annonce officielle d’un inéluctable plan de supressions d’emploi. Accessoirement, l’un des salariés sanctionnés étant en effet délégué syndical, c’est l’occasion pour la direction de mettre en difficultés un adversaire potentiel à l’heure où s’ouvre la bataille pour l’indemnisation des futurs licenciés.

Une bataille qui promet d’être âpre. La direction a d’ores et déjà laissé entendre qu’elle refuserait toute indemnisation supra-légale. Les salariés menacés de perdre leur emploi n’auront donc rien à perdre. Et ceux-ci risquent d’être nombreux : si les reprenneurs des magasins d’Haussmann et Mérignac se contentent de racheter les murs sans les salariés, comme le craignent ces derniers, c’est potentiellement plus de deux cents presonnes que l’enseigne pourrait avoir à licencier, d’après le plan présenté initialement au tribunal.

Ce plan prévoit en effet le rappatriement sur Lille d’une soixantaine de postes aujourd’hui localisés à Paris (SAV central, commerciaux web, « annexe ») et la suppression d’une trentaine de postes sur le magasin de Molinel. Soit une petite centaine de postes auxquel il faut ajouter les 90 salariés d’Haussmann et la trentaine de Mérignac.