C’est une première pour l’entreprise. Habituée à recourir à la dette pour financer son développement, OvH ouvre aujourd’hui son capital aux investisseurs selon Les Echos. L’hébergeur souhaite ainsi lever 300 millions d’euros, ce qui le valorise aux alentours de 1,5 milliard d’euros.

Cinq finvestisseurs ont manifesté leur intérêt. Outre la holding AFM contrôlée par la famille Mulliez (elle-aussi nordiste), on trouve quatre acteurs nord-américains : Warburg Pincus, KKR (associé à Towerbrook), Goldman Sachs et la Caisse de Dépôt et Placement du Québec. La présence de ces investisseurs d’outre-Atlantique n’a tien de surprenant. Voici en effet bientôt quatre ans que la firme de la famille Klaba est partie à la conquête de l’Amérique du Nord en ouvrant un premier datacenter à Beauharnois près de Montréal, lequel abrite aujourd’hui quelque 300.000 serveurs. Avec ce centre de données, OVH est également en capacité d’héberger des clients américains soucieux d’échapper au Patriot Act. Ce dernier permet aux agences fédérales américaines d’accéder aux communications téléphonique et aux données des citoyens suspectés de terrorisme ou suspectés d’être en relation avec une puissance étrangère ennemie sans leur accord. En vertu de cette loi d’exception votée au lendemain du 11 septembre 2001, les hébergeurs américains sont obligés d’accéder à la demande des autorités US sur simple injonction. L’hébergeur estime cette loi intrusive. Il y a un an Octave Klaba, alors PDG de l’entreprise, s’était également opposé à la loi sur le renseignement votée par le parlement français au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo. Il avait d’ailleurs contribué à rédiger un amendement permettant de réduire le champ d’action de la loi pour les hébergeurs.

Aujourd’hui la firme de Roubaix à l’ambition de construire 12 nouveaux datacenters, notamment sur la côte occidentale du Canada, mais également à Singapour, en Australie, en Amérique du Sud et en Europe (Pologne, Allemagne, Espagne, Italie et Royaume-Uni). Pour financer leur construction un plan de financement de 400 millions d’euros sur trois ans avait été mis en place fin 2014. Dans ce cadre, OVH avait aussitôt  levé 267 millions d’euros auprès des banques et d’investisseurs institutionnels. «L’objectif est de se donner les moyens de devenir un acteur incontournable du cloud mondial, en mesure de rivaliser avec les plus grands américains», avait alors expliqué le directeur financier, Nicolas Boyer. Ce dernier avait par ailleurs expliqué que ce recours à la dette permettait de «conserver la structure actuelle du capital de l’entreprise». Les choses ont apparemment évolué depuis. Peut-être faut-il y voir le résultat du changement de gouvernance opéré en janvier 2015, lorsqu’Octave Klaba a laissé la direction générale à Laurent Allard pour se consacrer à la direction technique de l’entreprise.