Les appréhensions des revendeurs de téléphonie mobile sont en train de se confirmer : depuis l’arrivée de Free, leurs revenus sont en baisse sensible et ils n’ont aucune raison d’espérer que cela va s’améliorer.


Les revendeurs de téléphonie mobile luttent déjà pour leur survie. En janvier, mois d’arrivée de Free sur le marché, certains ont enregistré une baisse de 20% à 25% de leurs revenus. Et s’ils ont pu sauver les meubles en février grâce aux renouvellements de terminaux et aux ventes croisées fixe-mobile, mars s’annonce encore plus compliqué que le mois de janvier.

« Je suis très inquiet pour mon avenir », témoigne sous couvert d’anonymat le patron d’un Espace SFR franchisé, qui se demande comment il va pouvoir aller au bout du remboursement de l’emprunt qui lui a servi à ouvrir sa boutique. Depuis deux mois, il ne peut que constater la baisse du nombre de ses actes et s’étonner de l’absence de réaction de SFR. Certes, SFR a mis sur le marché deux nouvelles offres illimitées mais les boutiques ont dû attendre le 1er février pour pouvoir les proposer. La faute au système informatique a prétexté l’opérateur.

Des offres censées être concurrentielles avec celle de Free mais qui n’ont pas réellement marché. Ce qui n’est une surprise pour personne. La plus compétititive des deux, l’Edition spéciale carré Web, proposée à 49 € avec un terminal, ne rapporte aucune commission au revendeur sauf si le client est déjà client SFR et qu’il souscrit un ajout de ligne. Autant dire que personne n’en a entendu parler. SFR semble avoir pris conscience du problème et a décidé de rémunérer ce forfait sera à partir du 11 avril (moyennant une augmentation du prix).

Mais, cela ne suffira pas à évacuer le problème de fond : les clients ont bel et bien déserté les magasins. Et quand ils reviennent c’est rarement pour souscrire un nouvel abonnement. À force d’être mises en avant dans les pubs de l’opérateur pour la qualité de leur service et leur proximité, les boutiques SFR sont de plus en plus assimilées par les clients à des points de services après vente. « Mais ce service n’est absolument pas rémunéré » déplore notre patron d’Espace SFR, qui dénonce au passage l’habitude qu’a prise SFR d’appeler les clients en direct pour leur proposer des réductions auxquelles n’ont pas accès les magasins.

Faute d’une réaction tarifaire suffisante des opérateurs historiques, les seuls points de vente à tirer leur épingle du jeu sont les boutiques multi-opérateurs qui peuvent jouer sur les offres beaucoup plus compétitives des MVNO et vendre des terminaux nus aux abonnés Free. « Je fais aussi de plus en plus de réparation et de désimlockages », ajoute l’un d’eux. Une stratégie qui relève toutefois de l’opportunisme et qui ne saurait constituer un modèle pérenne sur le long terme.