Plus de 7 ans après avoir créé l’ADTITE, Philippe Fontfrède relance l’association de défense des distributeurs télécoms. Il espère forcer les opérateurs à reconsidérer le statut de leurs revendeurs.

Le 24 novembre 2005, un communiqué de presse annonçait la création de l’ADTITE (Association des Distributeurs des Technologies de l’Information et Télécoms aux Entreprises). Il s’agissait pour ses fondateurs de fédérer l’ensemble des distributeurs autour d’un projet de valorisation et de labellisation, mais surtout d’assurer la défense des intérêts moraux et professionnels de ses adhérents vis-à-vis des fournisseurs et, tout particulièrement, des opérateurs télécoms. Si l’on en croit l’initiateur du projet, Philippe Fontfrède, alors revendeur Neuf Telecom, l’opérateur n’aurait pas tardé à réagir, provoquant la fin de l’association. « Le jour même de la création de l’ADTITE beaucoup de personnes, Neuf Telecom devenu entretemps Neuf Cegetel, des avocats, la Ficome – dont j’étais administrateur – ont réagi parfois avec violence. J’ai préféré me mettre de côté », raconte Philippe Fontfrède.

Ce dernier, entretemps contraint à liquider sa société, créait un an jour pour jour après le lancement de l’ADTITE, le Blog Télécoms, un blog « poil à gratter » dédié lui aussi à la défense de la communauté des revendeurs télécoms. « Je l’ai créé pour ne pas sombrer. Et puis il était temps de retourner au charbon. Il fallait combattre la nature des contrats volontairement biaisés par les opérateurs, ce qu’a d’ailleurs reconnu la justice en 2011. Nous avions six ans d’avance. »

Officiellement gérant mandataires de leur entreprise, les revendeurs se trouvaient dans une situation de dépendance forte vis-à-vis de l’opérateur qui les mettait de fait dans une situation de salarié. Ce qu’ont reconnu la cour de cassation et la cour d’appel de Versailles en novembre 2011, obligeant SFR – qui avait entretemps repris Neuf Cegetel- à verser des rappels de salaires et de congés payés à deux distributeurs et à verser une indemnité de licenciement au salarié de l’un d’entre eux.

Aujourd’hui, Philippe Fontfrède relance l’ADTITE, avec cette fois un but clairement offensif. « Entre 100 et 150 distributeurs SFR vont recevoir une lettre recommandée annonçant que le contrat les liant à l’opérateur sera définitivement clos en fin d’année. Cette rupture est l’occasion de revendiquer un vrai statut pour les distributeurs et d’agir en justice. En 2004 j’ai mis le doigt de manière totalement naïve sur un problème. Je me suis donc facilement laissé impressionner. Aujourd’hui je suis plus mûr. L’association va attaquer SFR, Bouygues Telecom et Orange, trois opérateurs qui ont trompé les distributeurs et qui ont mis 10.000 d’entre eux sur le carreau. Malgré le rouleau compresseur de ceux qui n’admettent pas notre indépendance, nous iront droit au but.»

Il espère obtenir pour les distributeurs « remerciés » par SFR le versement de 5 années de salaires, soit pour chacun d’eux une somme comprise entre 120.000 et 180.000 euros.