Le marché du Cloud est en train de se structurer autour de l’hybridation. Une opportunité pour le channel IT, selon Alban Richard, PDG de USharesoft, éditeur d’une plateforme d’hybridation multi-OS, multi-hyperviseur et multicloud.


Channelnews : Vous venez d’annoncer une déclinaison pour Suse Cloud de UForge, votre plateforme d’industrialisation de logiciels en environnement multicloud. De quoi s’agit-il ?

Alban Richard : UForge for SUSE Cloud est une solution de cloud hybride réunissant la pile OpenStack de Suse, qui permet de déployer un cloud privé, et notre plateforme UForge, qui permet de faire le pont entre une infrastructure existante (de type cloud privé) et un cloud public. La solution a été qualifiée et est supportée par Suse. Elle permet d’accéder en libre-service à notre portail d’automatisation pour créer, publier, déployer et maintenir un catalogue de services distribués entre un cloud privé et différents clouds publics.

Pourquoi ce rapprochement avec Suse ?

Alban Richard : Le marché était demandeur d’une intégration entre notre technologie et une pile OpenStack. La pile Suse Cloud présente plusieurs atouts, dont son installeur, qui permet de construire un Cloud privé en quelques heures, et sa faculté à supporter efficacement plusieurs hyperviseurs (KVM, ESXi et Hyper-V).

Cet accord a-t-il un caractère d’exclusivité ?

Alban Richard : Non. Nous sommes également en cours de qualification avec Red Hat par exemple. D’une manière générale, nous sommes totalement agnostiques en termes de systèmes d’exploitation – nous en supportons une centaine –, d’hyperviseurs et de clouds. Nous sommes partenaires de Microsoft et VMware sur les hyperviseurs et d’Amazon, Microsoft Azure, Google Compute Engine et de Cloudwatt (bientôt Numergy) sur les clouds publics. À ce titre, nous sommes sur le point d’annoncer un portail spécifique pour Azure visant à encourager les développeurs à migrer leurs applications vers le cloud de Microsoft. Et nous sommes en train de nous organiser pour nouer des alliances stratégiques mondiales avec les grands constructeurs et éditeurs tels que Cisco (avec qui nous avons déjà un accord en France), HP, BMC (avec lequel nous avons déjà un accord de vente croisée), Fujitsu, Citrix, Microsoft…

En quoi votre technologie peut-elle intéresser les prestataires issus de services et de la distribution IT ?

Alban Richard : Nous leur offrons l’opportunité d’entrer dans la chaîne de valeur du Cloud en adossant les clouds privés de leurs clients aux grands clouds publics afin de bénéficier de capacités de débordement, de plans de reprise d’activité, de sauvegarde etc. C’est le phénomène de l’hybridation autour duquel est en train de se structurer le marché du Cloud. Gartner estime que 70% des clients démarrent dans le Cloud via la mise en place d’un cloud privé. Mais pour de multiples raisons – sécurité, gouvernance, verrouillage, débordement… – ces mêmes clients auront besoin tôt ou tard de se connecter au cloud public. Notre offre répond à ce besoin d’hybridation. Elle permet par exemple aux hébergeurs de scanner un serveur actif – on dit l’aspirer – pour le publier sur un cloud. Une opération qui ne nécessite qu’une trentaine de minutes. Une fois modélisé, ce serveur pourra ensuite être migré en quelques clics d’un cloud à un autre. C’est un gain de temps considérable par rapport à une gestion manuelle.

Avez-vous déjà commencé à nouer des relations avec des prestataires IT en France ?

Alban Richard : Oui. Nous avons contractualisé des accords avec des sociétés telles que APX, Apalia, eNovance… Mais nous travaillons également de manière moins formelle avec de nombreux autres acteurs parmi lesquels Bull, Atos, OBS, D2SI, ainsi qu’une douzaine d’hébergeurs-infogéreurs tels que Ikoula, Linkbynet ou Neurones.

Quel partage de valeur proposez-vous ?

Alban Richard : Notre approche est basée sur le partage de revenus. Nos partenaires peuvent revendre des licences sous forme perpétuelle ou de droit d’utilisation ou créer leurs propres services d’hybridation à partir de notre technologie.

Votre société existe depuis 2008 mais n’a réellement démarré son activité commerciale que depuis 2011. Comment vous financez-vous  et quel est votre niveau de revenu actuel ?

Alban Richard : Nous nous sommes financé jusqu’à maintenant via des levées de fonds – nous en sommes à notre quatrième – qui nous ont permis de lever plusieurs millions d’euros. Mais nous ne communiquons pas sur les montants levés ni sur notre chiffre d’affaires. Je dirais simplement que celui-ci a progressé de 100% en 2013 – mais qu’il reste modeste – et que nous sommes actuellement près d’une quarantaine de collaborateurs.

Qui sont vos principaux concurrents ?

Alban Richard : Nous n’en connaissons aucun qui propose une plateforme de bout-en-bout comme la nôtre assurant la modélisation des charges de travail, leur publication sur une place de marché et leur migration en multicloud. Nous pensons avoir trois ans d’avance dans notre domaine. Nos plus proches concurrents ne sont positionnés que sur une partie de l’offre, comme Racemi pour la migration ou App Direct pour le catalogue de services.