De retour de congés, les revendeurs font tous le même constat : la conjoncture ne s’est pas nettement améliorée pendant l’été. Une note d’espoir : les plans de continuité d’activité liés à la grippe A.

 

« Le marché reste morose, la rentrée va être délicate ». Cette phrase de l’acheteur d’un des premiers revendeurs français résume bien l’état d’esprit de la distribution informatique en cette période de pré-rentrée scolaire. En réalité, le premier semestre a été globalement désastreux et le troisième trimestre s’annonce à peine mieux. Inutile de dire que le quatrième trimestre va être déterminant mais qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles.

Les plus affectés sont probablement les revendeurs grands comptes qui, outre la baisse de leur activité, sont confrontés à la faiblesse de leurs principaux fournisseurs. Cherchant par tous les moyens à réduire leurs coûts au-delà des restructurations et des abandons d’activité, ces derniers ont en effet encore accru la pression sur les marges.

Ainsi après avoir annoncé la suppression des marges arrière sur les produits d’entrée de gamme au printemps, HP vient-il d’annoncer qu’il fermait le robinet des budgets marketing sur les PC et les imprimantes destinés aux grands comptes. Sans compter que le constructeur a basculé d’autorité en direct de nombreux comptes jusque là gérés par la distribution. Des mesures radicales qui pourraient faire boule de neige, HP donnant habituellement le la en matière de politique commerciale fournisseurs.

Les mauvaises pratiques en recrudescence

Une nouvelle donne qui complique singulièrement la tâche des revendeurs. Signe que les temps sont durs, les « mauvaises pratiques » seraient en forte augmentation : ententes verticales (un fournisseur s’entend avec un revendeur pour remporter un marché), utilisation de la cotation d’un client pour livrer un autre, vente à perte… La liste est longue des mauvaises manières dont s’accusent mutuellement les revendeurs.

Pour ne rien arranger, se greffe là-dessus une hausse généralisée des prix. « Depuis un an, les prix sont en effet remontés de 10% à 30% selon les familles de produits, témoigne notre acheteur. Les PC, qui étaient descendus sous la barre des 200 € HT sont revenus autour de 250 € HT. Les portables ont pris en moyenne 15%, les consommables d’impression 15% à 20% et les moniteurs 30%.. » Mais ce qui aurait pu constituer une opportunité pour les revendeurs ne fait que leur compliquer la tâche, plusieurs marché ayant été annulés après coup par des constructeurs se rendant compte un peu tard qu’ils travaillaient à perte. Du jamais vu !


Les encours ne sont pas complètement revenus

Sans parler du problème des encours, qui n’est pas résolu. Certes, « entre les mesures gouvernementales (les CAP et CAP +), les encours maison grossistes, les assurances complémentaires, les encours exceptionnels fournisseurs, le crédit inter-entreprise est globalement revenu à un niveau quasi normal dans l’IT », selon un grossiste. Mais les revendeurs sont obligés de jongler avec de multiples formules, ce qui leur complique la vie. Et beaucoup sont encore loin d’avoir retrouvé leur capacité d’achat d’avant la crise, même s’ils n’en ont pas nécessairement besoin compte tenu du niveau actuel de l’activité.


Seule opportunité susceptible d’animer un peu le marché en cette fin de troisième trimestre, les plans de continuité liés à la psychose de la grippe A. « Sous la pression de leurs clients, beaucoup d’entreprises investissent dans des solutions VPN, des portables et des systèmes de sécurisation pour permettre à leurs collaborateurs de travailler à distance si nécessaire », remarque Olivier Fichebin, patron du revendeur grands comptes Top Info. Gageons que cela ne suffira pas à sauver une année bien mal engagée.