Dans les jours qui ont suivi IDEAS Connected 2016, Juniper a annoncé un excellent quatrième trimestre fiscal avec des revenus en hausse de 20% par rapport au quatrième trimestre 2014. Une accélération de la croissance de bon augure pour 2016 après un exercice 2015 mitigé. L’entreprise est certes redevenue profitable sur la période (633 M$ contre 334,3 M$ de pertes en 2014) mais la croissance est restée limitée à 5% – 7% en tenant compte de la vente de son activité Junos Pulse en 2014. De fait, l’exercice avait mal commencé avec des revenus s’effritant de 9% au premier trimestre.

Le constructeur continue d’enregistrer une bonne performance sur ses routeurs (48% de l’activité) qui ont progressé de 6% sur l’année. Une croissance qu’il doit notamment à la « hausse de la demande des opérateurs de Cloud et des opérateurs télécoms en Europe et dans les pays émergents » (source : document financier résultats préliminaires 2015). Son activité commutateurs (16% du CA total) affiche également une progression de 7% grâce aux nombreuses mises en chantier de datacenters impulsées par les opérateurs de Cloud et les opérateurs télécoms.

« Le marché des Data Centers a été porteur en 2015, et le sera encore en 2016 », confirme Jean-Marc Odet, président d’Interdata, l’un des principaux partenaires de la marque en France. Dans un mail envoyé à la rédaction, il précise avoir « remporté de beaux succès chez les opérateurs de service au sens large (opérateurs alternatifs, hébergeurs, opérateurs de Cloud) ». Ce dernier salue au passage l’offre datacenter du constructeur : « Juniper est particulièrement bien positionné sur ce segment. Nous commençons à remporter des succès dans le domaine du SDN avec Contrail, dont le positionnement ouvert est très pertinent », souligne-t-il.

Même son de cloche de la part de Sébastien Kher, patron de Nomios, autre partenaire de premier plan de Juniper, lequel pèse 10% de son chiffre d’affaires annuel. Pour lui, l’offre Contrail est « ultra pertinente ». « Les tests que nous avons menés sont assez bluffants. Les clients, pourtant hyper exigeants sur leurs attentes, semblent assez enthousiastes. Je pense qu’en 2016 le SDN va vraiment devenir une réalité ». Quant à l’offre datacenter, il juge l’approche de la Fabric « géniale ».

Un bilan plus mitigé sur la sécurité

En revanche, le bilan est plus mitigé dans la sécurité (9% du CA global). Celle-ci affiche certes une progression de 5% sur l’année. Mais la demande émanant du marché entreprises décline. La bonne nouvelle, c’est qu’après un premier lancement raté, les plateformes SRX décollent enfin. Mais leur progression compense tout juste la décroissance rapide de sa gamme de pare-feux NetScreen (-51% sur l’année). La découverte de portes dérobées dans ces derniers équipements n’a sans doute pas été étrangère à l’accélération de leur déclin.

Juniper annonce toutefois la disponibilité pour avril de sa nouvelle plateforme SRX300. Dotée d’une version rajeunie de son interface d’administration des politiques de sécurité Security Director, cette nouvelle plateforme est censée relancer l’offre, notamment sur le marché entreprises. « Juniper va avoir à prouver sa volonté de revenir sur ce marché, souscrit Jean-Marc Odet. Le plan de développement SRX est agressif. Nous avons une base clients héritée de Netscreen et de SSG qui est restée fidèle et qui va être en 2016 notre premier axe de reconquête. »

« Juniper a connu un revers en lançant trop tôt la plateforme SRX, analyse Sébastien Kher. Nous ne l’avions pas validée à ce moment-là, préférant rester sur la gamme SSG. Les concurrents ont tenté de les enterrer vivant mais je dois dire qu’il y a peu d’entreprises qui savent réagir dans pareille situation. Juniper a fait face et remodelé complètement sa solution. Si bien qu’aujourd’hui elle est fiable et éprouvée. »

Tous les partenaires ne sont toutefois pas aussi convaincus du potentiel de Juniper. Tel ce partenaire qui indique avoir cessé de travailler avec la marque, estimant sa gamme « vieillissante », au profit de Brocade. Interrogé sur l’évolution du nombre de ses partenaires en France, Juniper botte en touche, se retranchant derrière la confidentialité de ces informations.

Juniper bien armé pour 2016

Jean-Marc Odet est néanmoins très confiant pour 2016. À ceux qui s’inquiètent du risque de marginalisation que les rapprochements Cisco-Ericsson et Nokia-Alcatel pourraient entraîner, il répond : « les équipements évoluant vers le SDN et le NFV dont s’ouvrir et permettre aux clients de diversifier leurs infrastructures dans une approche Best of breed qui devient de plus en plus concrète et réaliste. Nous ne pensons pas que les clients, en particulier les grandes entreprises et les fournisseurs de services, soient pour la majorité intéressés par une approche de fournisseur unique. Nous travaillons actuellement sur plusieurs projets où l’infrastructure IP ou le dispositif de sécurité sont des projets à part entière avec leurs propres spécificités. Il y aura des projets ou le donneur d’ordre souhaitera sous-traiter l’ensemble du projet à un Cisco-Ericsson ou un Nokia-Alcatel, mais ce ne sera pas la majorité. Ne serait-ce que pour tenir compte de l’existant, pour avoir un meilleur levier sur les achats, ou pour ne pas avoir un risque trop concentré sur un seul acteur. Le futur est beaucoup plus vers des architectures NFV ouvertes avec une couche d’orchestration, qui peut être Contrail, plutôt que des architectures fermées. »

De son côté, Sébastien Kher est aussi extrêmement confiant pour 2016. Après avoir fait 22% de croissance avec la marque en 2015, il prévoit d’en faire autant en 2016. Pour lui, Juniper a justement « une belle carte à jouer » dans le contexte décrit plus haut. « Je les sens présents, avec une offre bien intégrée, et parfaitement armés. Ils montrent des résultats en constante amélioration et surtout ont une actualité produit qui répond aux attentes. Je ne les sens pas isolés du tout mais plutôt dans le trio de tête. »