Les garanties exigées par les banques en contrepartie d’un prêt accordé à Alcatel-Lucent inquiètent les syndicats. Ces derniers reprochent au gouvernement d’abandonner l’équipementier aux prédateurs.

Le mois dernier Alcatel-Lucent signait un accord préliminaire concernant deux crédits pour une valeur totale de 1,6 milliard d’euros, négociés auprès des banques Goldman Sachs et Crédit Suisse USA.

Cet argent devrait permettre à l’équipementier de rééchelonner ses engagements. Il servirait notamment à financer le plan d’économie de 1,25 milliard d’euros qui prévoit notamment la suppression de 5.500 postes au niveau mondial, dont 996 dans l’Hexagone.

Goldman Sachs a exigé en garantie de sa participation les 29.000 brevets du groupe ainsi qu’un certain  nombre d’autres actifs clés. Des tests périodiques de performance financière (covenants) sont par ailleurs prévus. En cas de résultat insuffisant, la banque pourra exiger le remboursement anticipé du crédit, ou à défaut, la mise en œuvre des garanties.

Le gouvernement qui craignait que certains brevets sensibles ne tombent dans l’escarcelle du banquier américain, avait obtenu un délai de grâce jusqu’à fin janvier afin de trouver une solution alternative à ce prêt et rendre l’accord caduque.

Or, selon la CFE-CGC, l’Etat aurait finalement renoncé à étudier toute solution alternative et envisagerait plutôt d’intervenir comme pompier en cas de non-respect des covenants.

Une perspective qui inquiète le syndicat. « Nous n’osons pas croire à cette capitulation du gouvernement face à Goldman Sachs après les multiples prises de position des politiques au pouvoir », indique l’organisation syndicale dans un communiqué, rappelant notamment que le candidat Hollande s’était fermement engagé au cours de la campagne présidentielle « à lutter contre les excès de la finance ».

« Ces covenants financiers vont mettre une pression terrible sur l’ensemble des salariés du groupe et pourront justifier économiquement les PSE coercitifs les plus brutaux », estiment les responsables syndicaux.

Ces derniers demandent au gouvernement de clarifier sa position et en cas d’absence de solution alternative, de préciser publiquement les modalités de leur intervention en cas de non-respect des covenants. « Pour la CFE-CGC ces interventions devront être impérativement préventives (en amont du bris des covenants), si l’on veut éviter des plans sociaux de grande ampleur, qui conduiront à moyen terme à la disparition d’Alcatel-Lucent de France et d’Europe », insiste le syndicat qui appelle les salariés de l’équipementier à manifester ce jeudi 24 janvier devant l’Assemblée nationale.