Premier syndicat de HPCCF (HP Centre de Compétences France) et 2e syndicat de HPF (HP France), la CFE CGC tire la sonnette d’alarme à propos de l’évolution des effectifs de HPE en France et de l’altération des compétences qui en découle. Les scissions successives (HP Inc. puis les entités services et software), les plans sociaux* et les plans de départ à la retraite à répétiton ont eu pour effet de réduire drastiquement les effectifs en France. Au cours des dernières années. La CFE CGC note ainsi que, sur la seule entité HPCCF, l’effectif est passé de 5.200 salariés (dont 4000 CDI) en 2001 à 739 aujourd’hui. Avec HPF, HPE ne compte plus que 1667 salariés en France.

Un effectif qui devrait continuer à s’effriter inexorablement, HP ayant toujours refusé de s’engager sur le remplacement des départs (aussi bien les démissions que les départs en retraite), note la CFE CGC. Or la pyramide des âges est complètement inversée chez HPE. Les salariés de moins de 30 ans ne représentent actuellement que 1,35% de l’effectif de HPCCF (et 7,44% de HPF). En revanche, les plus de 50 ans représentent plus de la moitié de la population des deux entités réunies (54,2% chez HPCCF et 46,8% chez HPF). Les plus de 55 ans représentent près d’un quart de l’effectif total. Enfin, vingt-quatre salariés ont déjà dépassé l’âge légal de la retraite, et 89 auront atteint 62 ans dans les trois prochaines années.

La dégradation de l’effectif devrait être d’autant plus rapide qu’une part de plus en plus importante de l’effectif est classée en catégorie emplois en décroissance, comme le révèle l’ONE (Observatoire National paritaire de l’Emploi) dans une synthèse concernant les salariés ES et Software. Ainsi, un quart des effectifs de HPCCF (et 18% de ceux de HPF) relèvent désomais de la catégorie emplois en décroissance. Les emplois porteurs d’avenir sont en revanche en forte baisse : les emplois en tension et en croissance ne représentent plus que 5% de l’effectif et 6% des emplois.

Dans ses conclusions, l’ONE écrit que seuls « les métiers dits de front-office, c’est-à-dire en contact direct avec le client, sont valorisés par la direction française. Plus inquiétant, on note une évolution qui dévalorise les métiers dits « back-office » en vue d’une délocalisation, au détriment non seulement de la création d’emplois en France mais également du maintien d’une expertise reconnue et développée au fil de longues années ».

De fait, l’ONE constate que le recrutement est très faible chez HPE (8 CDI sur HPE CCF et 66 chez HPE F) et que, malgré l’existence d’un accord de Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences, la mobilité interne est insuffisante : seulement 15 mobilités internes chez HPECCF et 42 chez HPEF.

Et l’ONE de poursuivre : « Cette stratégie agressive et sans nuance est d’autant plus regrettable que ‘HPE Remain’ va finir par mettre en péril la santé de ses salariés et la satisfaction de ses clients. Elle s’expose en outre à la perte de profils irremplaçables, dont l’expertise s’est construite au fil des ans ». « L’ONE souligne un décalage (pour ne pas dire une contradiction) entre les perspectives de croissance dans l’industrie de l’Hybrid IT et les emplois où ces nouvelles technologies ne sont pas mises en avant, note encore la CFE CGC. Elle déplore que la direction ne déploie aucune volonté pour permettre l’émergence de ces métiers afin de soutenir ces business. »

*Pour rappel, un énième projet de 90 départs GPEC out est actuellement en cours chez HPE qui doit se finaliser dans les prochaines semaines.