Après plusieurs années de pertes et de restructurations qui ont fait passer l’effectif de T-Systems de 1800 employés en 2008 à 300 en juin 2013, la filiale française de l’entreprise allemande paraît être repartie du bon pied.


Interrogé sur les objectifs actuels de la firme, Jean-Paul Alibert, le PDG de T-Systems France, nous a répondu que désormais la firme se focalisait sur trois offres d’infogérance :  infrastructures, poste de travail et réseaux. Il répond à nos questions en faisant le point sur  sa société.

InformatiqueNews : Vous n’êtes pas seul à offrir des prestations d’infogérance dans le Cloud, en quoi vous différenciez vous ? 

Jean-Paul Alibert : Nos data centers sont en Europe et à ce titre on se distingue par une sécurité exemplaire, ce qui est essentiel pour les offres de cloud. C’est pourquoi nous sommes, à la suite de l’affaire Prism, de plus en plus consulté pour cette approche. On propose nos services en direct pour l’essentiel. Mais surtout, on a une offre logicielle industrialisée bien rodée qui a fait ses preuves depuis de années en Allemagne. Nous proposons principalement du cloud privé hébergé et administré dans nos datacenters. Nous sommes partenaire spécialiste de SAP et nous proposons deux autres offres logicielles, celle de Microsoft avec la bureautique, la messagerie et la téléphonie sur Lync. On dispose d’une offre d’archivage avec Docusafe. On a une vraie légitimité avec le SaaS. »


InformatiqueNews : Vous n’avez pas la tentation, pour être économiquement attractif, de devenir un « broker de cloud » en intégrant des offres comme celles d’Amazon ?

J-P.A : Non, on a une offre hybride entre cloud privé et cloud public mais qui se limite au débordement. On propose une solution prête à l’emploi en quelques jours ou quelque semaines qui se différencie de pas mal de programmes d’intégration qui tardent  toujours à fonctionner. Je connais plusieurs sociétés importantes qui sont en train de faire « leur cloud », mais cela a démarré il y un ou deux ans et pour l’instant, ils sont toujours en train de mettre au point leurs projets ce qui montre que vouloir gérer ce type de projet nécessite une approche différente.


InformatiqueNews : Pensez-vous que les DSI ne sont plus à même de mener à terme un projet lourd comme celui le cloud ?

J-P.A : En France, on a un peu la maladie de vouloir tout faire soi même, de recréer des systèmes complets et de faire appel à des dizaines de sous traitants , à réinventer la roue pour la faire sur mesure. Pour ma part, je pense que c’est dépassé et qu’il faut viser des solutions prêtes à l’emploi et faciles à mettre en œuvre. C’est l’une des raisons qui m’ont convaincu de venir chez T-Systems et j’avais déjà cette conviction lorsque j’étais chez HP. De plus, les DSI ont besoin de reprendre le contrôle de pas mal de projets qui se sont développés en dehors de leurs services, ils ne doivent pas perdre de temps.


InformatiqueNews : Pensez-vous que les intégrateurs et pas mal de sociétés de services sont sur la mauvaise pente ?

J-P.A : L’intégration telle qu’on la concevait depuis 30 ans est en perte de vitesse. C’est dépassé et c’est trop cher. De même les contrats d’’infogérance où le sous traitant rachetait le service informatique et ses employés n’existent quasiment plus. Cela montre une prise de conscience.

Il suffit de regarder le chiffre d’affaire des intégrateurs pour se rendre compte que leurs contrats ne font que diminuer de taille. Cela veut dire que le marché se transforme. Même le Syntec a changé l’appellation SSII en ESN. En rebaptisant les sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) en entreprises de services du numérique (ESN), le Syntec a montré que le secteur entre dans une nouvelle phase, où les services sont plus industrialisés et répondent à la demande.

InformatiqueNews : Mais dans cette optique, vous ne pensez pas que dans le futur, les éditeurs de logiciels, qui eux aussi, proposent des services packagés comme Salesforce ou SAP, seront mieux placés que des ESN comme vous ?

J-P.A : Pour l’instant la combinaison de services que nous proposons répond à des besoins beaucoup plus larges avec en particulier l’infogérance d’infrastructures. Les offres d’infogérance des postes clients par exemple que nous proposons prennent en compte les solutions de VMWare, Microsoft et Citrix. Il y a besoin d’un accompagnement pour le help desk et le field service. Pour l’instant, je ne vois pas d’offre sur mesure comparable en provenance de ces éditeurs.

InformatiqueNews : A ce propos, l’offre de bureautique de Microsoft avec Office 365 n’est elle pas complètement concurrentielle ?

J-P.A : C’est un mode de fonctionnement très différent chez nous avec des licences différentes et un hébergement complet dans un pays de la communauté européenne. Sans compter l’intégration avec les messageries spécialisées ou l’intégration des mobiles et des tablettes. Le BYOD est une demande à laquelle on répond parfaitement.

InformatiqueNews : Vous pensez réaliser votre plan engagement pour 2016, qui prévoit un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros ?

J-P.A : C’est bien parti. La confiance de nos clients est la preuve que nos choix industriels ont été compris. Notre offre actuelle est plus simple à vendre et nous recrutons à nouveau des spécialistes pour élargir notre marché.

 

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