Aussitôt connue la nouvelle de la vague de 28.000 à 33.000 suppressions d’emplois supplémentaires chez HP, les salariés français se sont inquiétés de savoir à quelle sauce ils allaient être mangés. Voici ce que l’on peut dire à cette heure.
Inutile d’attendre vainement des chiffres de suppressions de postes pour la France prévient d’emblée un délégué syndical spécialiste des questions sociales : « lors des précédentes vagues de licenciements, le nombre de suppressions d’emplois affectant les filiales françaises n’est tombé qu’environ deux mois après l’annonce de la Corp. »
En ce qui concerne le nombre de postes qui pourraient être supprimés, on ne peut faire que des hypothèses à ce stade. Si le ratio mondial de suppressions s’appliquait tel quel à la France – cas improbable, précise notre délégué syndical, « car les pays de l’Europe de l’Ouest prennent souvent plus » – cela ferait 84 départs à effectuer sur trois ans pour HP France Inc. (7% de 1200 salariés) et 350 à 420 départs sur trois ans pour HP Enterprise France (10% à 12% de 3500 salariés). Pour la seule année 2016, cela reviendrait à une trentaine de départs pour HP Inc. France et à 117 à 140 départs pour HP Enterprise France. Des départs qui porteraient essentiellement sur sa division Enterprise Services (environ 2000 salariés) héritée du rachat d’EDS. Une division bien mal en point en France, comme nous le révélions en mars dernier : elle aurait subi une baisse de 20% de ses facturations en 2014, laissant un grand nombre de collaborateurs en intercontrat ou sans affectation réelle.
Reste à savoir dans quel cadre juridique seront réalisés ces départs : dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ou dans celui d’un transfert forcé vers des sous-traitants (Manpower, Adecco…) comme cela se pratique dans d’autres pays, notamment aux USA – lire à ce propos cet article de Business Insider qui raconte l’histoire d’employés qui se sont retrouvés brusquement sortis du périmètre HP.
« Un PSE ne pourrait se faire qu’en privilégiant le volontariat, avec des conditions basées sur celles du dernier PSE (accord de méthodologie sur la scission) », précise notre délégué syndical. Quant à un projet de transfert forcé vers des sous-traitants, cela « entraînerait inévitablement un conflit juridique et social », prévient-il.
Si l’option PSE est validée, la direction sera obligée de commencer par du volontariat, poursuit-il. « La question deviendra alors : qu’est-ce qui se passera s’il n’y a pas assez de volontaires ? Abandon comme cela s’est passé d’autres années ou application de critères d’ordres pour la première fois ? Il est bien trop tôt pour espérer y répondre dès maintenant. »