Une étude de la Linux Foundation pointe du doigt une pénurie de profils Linux expérimentés. La généralisation de Linux dans les couches d’infrastructures des SI n’y est pas étrangère.
Les Linuxiens qualifiés sont-ils devenus des denrées rares ? C’est en tout cas la thèse de la dernière étude publiée fin février par la Linux Foundation sur l’état de l’emploi Linux qui porte sur quelque 850 recruteurs sondés (dont 9 % en Europe). Ainsi, ces 850 chercheurs de profils de Linuxiens expérimentés sont 93% à avoir des projets de recrutement sur cette cible dans les 6 prochains mois.
C’est plus que lors de l’édition précédente de cette étude, note la Linux Foundation : à l’époque, ils étaient 83% à avoir des velléités de recrutements ciblant Linux sur la première moitié de 2012. Pourtant, malgré cette demande élevée, presque 9 recruteurs sur 10 trouvent « quelque peu difficile » à « très difficile » la découverte de ce type de profils expérimentés. Une compétence qui se raréfie : cela représente une hausse de 4 points par rapport à 2012.
Les raisons de cette hausse d’intérêt pour la compétence Linux ? La généralisation de Linux dans les couches d’infrastructures des SI, ainsi que de l’omniprésence de l’Open Source – et donc de Linux – au coeur des technologies du moment comme le Cloud (ou plutôt l’Open Cloud), le Big Data (Hadoop en est l’exemple le plus probant), mais également dans l’embarqué, la mobilité et les très tendance terminaux connectés.
Autres éléments mentionnés dans l’étude, la flexibilité de Linux, qui accompagne la croissance des entreprises, et la migration de ces dernières vers l’OS libre. Celles qui n’avaient ainsi pas de plan de recrutements Linux en 2012, en prévoient pour 2013, explique l’étude.
Logiquement, l’étude de la Linux Foundation, qui se base également sur les chiffres du site de recrutement américain Dice.com, affirme que les profils les plus recherchés par les recruteurs sont les administrateurs systèmes à 73%. Autre profil convoité, le développeur du monde de l’embarqué et ceux qui maîtrisent l’architecture du noyau, ciblés à 57% par les recruteurs. Enfin les profils dits de DevOps sont visés dans 25%.
Hausse de 9% des salaires, au-dessus de la moyenne
Autre conséquence de cette pénurie, la convoitise des recruteurs pour ces profils. L’étude note ainsi que parmi les Linuxiens expérimentés sondés, 75% ont admis avoir reçu l’appel d’un recruteur ces six derniers mois. Et face à cet engouement, quelque 35% envisagent de changer d’employeurs en 2013. Les plus expérimentés – ceux que l’étude baptise les Top Performers – se voient offrir davantage d’opportunités. Du coup, 56 % pensent même que trouver un nouveau poste, avec de meilleures conditions, sera « plutôt facile » voire « très facile ». Du coup, 74% des recruteurs affirment faire des ponts d’or à ces profils si rares. Les salaires des Linuxiens expérimentés sont ainsi supérieurs à ceux pratiqués sur le marché du IT, globalement, note la Linux Foundation. Aux Etats-Unis, le salaire moyen pour un expert Linux s’établit aujourd’hui à 90 853 $ contre 85 619 $ pour un expert IT en général. Soit une hausse de 9% sur un an alors que les salaires moyens dans l’IT aux Etats-Unis ont progressé de 5%.
Outre ces gains salariaux, les entreprises sont également prêtes à accorder des petits bonus aux compétences Linux : un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans 61% des cas et des horaires de travail plus flexibles, voire le télétravail, pour 47%.
La France stimule les compétences Linux
En France, certaines initiatives ont déjà émergés pour dresser un rempart contre cette pénurie de talents Linux. Par exemple, le CNLL, le réseau d’entreprises PLOSS, ainsi que le groupe thématique Logiciels Libres du pôle de compétitivité Systématic ont pris le problème à bras le corps pour renforcer la filière. Leur levier : la Charte du Libre Emploi qui doit, outre le fait de baliser les entreprises signataires respectueuses des mécanismes de l’Open Source et du logiciel Libre, donner une impulsion aux étudiants attirés par les métiers liées à Linux et à l’Open Source. Objectif : répondre à la pénurie de compétences et de profils spécifiques maitrisant les caractéristiques bien particulières du Logiciel Libre. La Charte avait déjà rallié plus de 50 entreprises signataires en janvier dernier.
Une autre initiative notable en France visant à répondre à la demande de compétences dans le monde Open Source se trouve chez Alter Way. La SSLL a ouvert ce qu’elle baptise une Libre Académie dont l’objectif est de former aux métiers qui façonnent l’Open Source. Une façon en France d’aborder la pénurie de talents et d’alimenter en compétence ce tissu de PME innovantes – et en croissance – qui forment l’Open Source dans l’Hexagone.
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