Après 15 années de présence dans le monde de l’hébergement, NFrance entre très prudemment dans l’ère du cloud. Son président fondateur Laurent Sintès nous explique les raisons de cette circonspection.

 

Channelnews : Pouvez-vous nous présenter NFrance ?

Laurent Sintès : NFrance est un infogéreur hébergeur qui va fêter sa quinzième année d’existence.

A l’origine nous avions pour clients aussi bien des particuliers que des professionnels. Petit à petit, nous nous sommes spécialisés dans les clusters et les services à valeur ajoutée dédiés au marché professionnel.

Nous avons aujourd’hui environ 10.000 clients. Il s’agit donc essentiellement de professionnels, toutefois nous servons encore des particuliers qui sont des clients historiques. L’expansion se fait aujourd’hui sur les serveurs dédiés qui représentent 50% de notre chiffre d’affaires.

 

Vous ne proposez pas de cloud ?

Laurent Sintès : Nous proposons bien sûr du cloud à nos clients. Cependant nous ne proposons pas tous les services cloud car nous souhaitons nous concentrer sur la sécurité, la fiabilité et la disponibilité des données.

Traditionnellement, un client achète des gros FAN ainsi que des fortes capacités d’accès disques afin d’assurer de la redondance. Quand le FAN est neuf, tout marche très bien. Quand il se remplit, les performances se dégradent, surtout lorsque les clients accèdent à des bases de données SQL. Même la virtualisation n’empêche pas des temps d’accès aux fichiers catastrophiques. Les grands datacenters sont soumis à des bugs et à des ralentissements. C’est pourquoi nous proposons du cloud hybride avec de petits SAN ou NAS dédiés reliés à des serveurs virtualisés. Ainsi, les gros bugs se font plus rares et la disponibilité est plus grande.

 

Vous dressez un portrait plutôt noir et inhabituel des grands acteurs du cloud.

Laurent Sintès : Les problèmes que j’évoque sont passés sous silence pour des raisons de marketing. Le cloud a le vent en poupe et on a tendance à taire les problèmes.

La plupart des clients ont des besoins peu importants mais lorsqu’on arrive à des centaines de milliers d’accès aux disques, ces problèmes commencent.

 

Que pensent les clients de votre vision des choses, plutôt inhabituelle dans le monde de l’hébergement ?

Laurent Sintès : C’est un discours qui passe mal. On peut ainsi avoir une image assez ringarde, mais notre priorité est, comme je vous le disais, la sécurité, la fiabilité et la disponibilité des données.

Si nous nous trouvons face à un dossier sensible nous réalisons une étude sur mesure. Lorsque la priorité du client est la sécurité, nous proposons un serveur dédié plutôt que du cloud.

Seule une architecture physique ou une architecture N tiers basée sur une architecture physique permet la haute disponibilité. C’est la solution à privilégier lorsque les besoins en ressources sont importants, notamment lorsque le client accède à des bases de données relationnelles.

Le cloud oui, mais pas à n’importe quelle condition !