À une semaine du Showcase, Pierre-Yvon Mechali, directeur général adjoint d’Ingram Micro France, commente pour Channelnews la situation difficile du marché IT et les répercussions probables sur son activité.

 

Channelnews.fr : Votre maison mère a lancé un avertissement sur ses résultats du troisième trimestre et a annoncé une amplification de son programme de réduction des coûts. Quelle est la situation de la filiale française ?

 

Pierre-Yvon Mechali : En effet, notre chiffre d’affaires sera moins bon que prévu au niveau mondial. Mais ne soyons pas alarmistes. Nous avons certes abaissé notre prévision d’environ 200 M$ mais cela représente une faible proportion d’un chiffre d’affaires attendu entre 8,3 à 8,6 milliards de dollars. Ingram est toujours debout. Néanmoins, le marché est entré dans une période extrêmement difficile en France. Des fournisseurs majeurs sont en décroissance et la baisse des prix s’accélère.

 

Dans quelles proportions ?

 

Pierre-Yvon Mechali : A titre d’exemple, nous n’avons réalisé que 3% de croissance en volumes au mois de septembre sur les notebooks et 26% de décroissance en valeur. Sur les desktops, la situation est encore plus tendue car les volumes plongent. Même tendance négative pour les imprimantes et les moniteurs, dont les prix s’effondrent. Même les serveurs et les logiciels sont concernés. Les prix de certains serveurs lames ont été divisés par quatre en un dix-huit mois et celui de la suite Microsoft Office par près de dix en quelques années. Dans ces conditions, notre devoir est de nous adapter et d’anticiper.

 

Quelles mesures comptez-vous prendre pour juguler ce trou d’air ?

 

Pierre-Yvon Mechali : Nous allons adapter notre stratégie commerciale et notre stratégie produits en nous intéressant à de nouveaux segments de marché susceptibles de nous apporter ainsi qu’à nos clients, de nouveaux gisements de valeur. C’est ce qui a motivé la création récemment d’un département Affichage dynamique par exemple. Nous n’avons que 170 fournisseurs et notre business est très concentré sur les PC, les imprimantes, les moniteurs et les logiciels bureautiques. Nous sommes loin de couvrir l’ensemble des besoins du marché. Il reste de nombreuses d’opportunité à développer notamment dans les réseaux, les logiciels…

 

Est-ce à dire que vous allez concurrencer les grossistes dits spécialisés ou à valeur ajoutée ?

 

Pierre-Yvon Mechali : Nous n’allons pas nécessairement nous retrouver en frontal avec ces gens là car ils ont en général un adressage relativement faible. Mon objectif est de permettre à l’ensemble de nos revendeurs d’accéder à ces produits et de les accompagner dans leurs démarches pour se former et les vendre.

 

On dit que vous avez également lancé un département Automotive ?

 

Pierre-Yvon Mechali : Je ne souhaite pas faire de commentaires sur ce sujet.

 

Les personnes quittant l’entreprise ne sont plus remplacées. Pensez-vous que cette mesure suffira pour vous aider à contenir vos coûts ou prévoyez-vous de licencier ?

 

Pierre-Yvon Mechali : Nous ne prévoyons pas de licenciements mais je ne ferai aucun commentaire sur l’évolution de notre effectif.

 

Vous indiquez vouloir adapter votre stratégie commerciale. Vous pensez relever vos prix ?

 

Pierre-Yvon Mechali : Je ne souhaite pas dévoiler à nos concurrents ce que nous sommes en train d’entreprendre. Mais je vous invite à regarder ce que nous avons fait sur le coût du transport. A l’heure où on ne gagne plus rien sur le hard, il est fondamental de facturer le port à sa juste valeur. Et il est important que nos clients le fassent comprendre à leurs propres clients. Les trois pour cent de marge que les revendeurs peuvent avoir sur un PC portable ne permettent même plus de couvrir ses frais de livraison. Je pense également que nous devons réagir à la menace que représentent les sites de commerce électronique qui vendent à des prix inférieurs aux prix d’achat des revendeurs. Nous regardons avec intérêt les initiatives en cours visant à constituer une fédération professionnelle afin de défendre les intérêts des revendeurs informatiques.

 

Pensez-vous que la conjoncture va avoir une incidence sur le nombre de défaillances des revendeurs ?

 

Pierre-Yvon Mechali : La situation n’était déjà pas fameuse avant l’été mais depuis la rentrée c’est une avalanche de mauvaises nouvelles. Les entreprises réduisent leurs dépenses. Dans ces conditions, le crédit va très probablement se resserrer.

 

Le Showcase, votre événement annuel, se tient les 7, 8 et 9 octobre prochain au Parc des expositions de Villepinte. Quels sont les éléments saillants de cette édition 2008 ?

 

Pierre-Yvon Mechali : Nous attendons une centaine de fournisseurs dont environ 10% viennent pour la première fois, comme par exemple Oxford. Comme l’année dernière, la manifestation durera trois jours avec une journée durant laquelle les revendeurs pourront inviter leurs clients à nos frais. Cette formule n’avait pas rencontré un grand succès l’année dernière mais cette fois nous espérons bien avoir une fréquentation significative. Sur la durée du salon, nous attendons plus de 3 500 revendeurs.