La croissance du secteur IT devrait rester meilleure que celle du reste de l’économie, avec un taux compris entre +4% et +5%. Mais déjà l’indice d’évolution du négoce s’écroule ce qui devrait influer sur les défaillances.

 

XP Informatique à Toulouse, East-Tech à Lyon, NC Consulting à St Maur-des-Fossés, sans parler du cas emblématique d’Ares ou tout récemment du grossiste Tewacom. Les exemples récents de défaillances de revendeurs et de distributeurs informatiques ne manquent pas. Pourtant, le secteur a jusqu’ici étonnamment bien résisté, comme le confirme l’assureur crédit Euler Hermes SFAC.

 

Ainsi selon Didier Moizo, conseiller sectoriel IT à la direction des études économiques d’Euler Hermes SFAC, les défaillances dans le négoce et les services informatiques ont reculé de 3% au premier semestre par rapport à la même période de l’an dernier (à 630 défaillances dont 161 dans le négoce et 469 dans les services), alors que le nombre de défaillances d’entreprises tous secteurs confondu bondissait de 15% durant la même période.

 

La croissance de l’IT reste supérieure à celle de l’économie

 

« Le secteur IT, dopé par la période faste des dernières années, a conservé au premier semestre un bon niveau de croissance comparé au reste de l’économie », relate-t-il. L’assureur crédit table ainsi sur une croissance IT comprise entre 4 et 5% cette année. Des chiffres certes revus à la baisse par rapport à ses prévisions initiales (5 à 6%) mais bien meilleurs que ceux de la croissance de l’économie française. Laquelle ne devrait finalement pas dépasser 1% cette année (contre 1,8% prévus initialement).

 

Toutefois, cette bonne résistance commence à montrer ses limites. Dès la fin 2007, l’INSEE a enregistré une chute des ventes dans le négoce de composants électroniques. Puis fin mai 2008, l’institut national d’études économiques et statistiques a constaté un plongeon de l’indice d’évolution du négoce de matériel informatique. Celui-ci est tombé à 87,3 contre 99,4 un an plus tôt et 109 en juin 2006.

 

Le choc conjoncturel risque d’entraîner des défaillances

 

Des chiffres de mauvais augure qui incitent Didier Moizo au pessimisme pour les mois à venir : « Le choc conjoncturel qui secoue actuellement l’économie a de fortes chances de contaminer rapidement le secteur IT et de se traduire par une recrudescence des défaillances ». Pour l’instant relativement épargnées, les activités services devraient logiquement suivre la tendance constatée dans le négoce.

 

Une analyse que partage entièrement René-Luc Caillaud, PDG du grossiste ETC : « Pour l’instant, on ne peut pas parler d’accélération des défaillances d’autant que nous avons mis en place des formules de sur-encours pour soutenir des trésoreries faiblardes. Mais certains de nos clients sont dans une situation tendue après un mauvais bilan 2007 et un mauvais premier semestre. Si le business ne se réveille pas très vite, on va droit à des dépôts de bilan par assèchement de trésorerie ».

 

Les services provisoirement épargnés

 

Ce retournement du marché semble en revanche ne pas inquiéter les sociétés de services pour l’instant. « Plus on avance, plus les entreprises prennent conscience de l’importance stratégique de leur système d’information, observe Bernard Paix, PDG de la SSII Altimate. Même dans la période difficile qui s’annonce, elles ne pourront prendre le risque de stopper leurs investissements informatique au risque de perdre rapidement en compétitivité ».

 

Le marché IT va-t-il plonger dans le sillage de l’économie nationale ou va-t-il bénéficier d’un effet « dé-corrélation » et poursuivre sa croissance sur un rythme au minimum moins soutenu ? L’avenir le dira. Mais une chose paraît acquise, la reprise économique, elle, n’est pas attendue avant fin 2009.

 

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