Ingram lançait la semaine dernière la délégation de paiement directe. Une formule de financement en réalité déjà en vigueur mais que le grossiste souhaite développer en prévision de la reprise.

Le grossiste s’inquiète des restrictions de crédit persistantes à l’heure où les affaires donnent des signes de reprise. « La baisse des encours que nous avons connue au début de l’année n’a finalement eu que peu d’incidences sur le business, estime Etienne Choquet, directeur général adjoint d’Ingram Micro France. Les gros revendeurs ont subi le ralentissement de la demande et n’ont donc pas trop souffert des diminutions de crédit. Quant aux petits revendeurs, ils ont profité à plein des crédits « coup de cœur » que nous avons mis en place dès avril-mai ». Ces encours profiteraient ainsi à 7.000 clients du grossiste.

Mais, la situation est en train d’évoluer. « Déjà la reprise se fait sentir et les encours actuels, s’ils ne sont pas révisés à la hausse, pourraient s’avérer rapidement insuffisants, avec un pic de tension en juin prochain », poursuit Etienne Choquet. Or les bilans de l’année 2009 seront inévitablement mauvais ce qui risque d’inciter les assureurs crédit à rester frileux. Quant aux encours coup de cœur ils sont plafonnés à 10.000 € et Ingram ne souhaite pas alourdir encore son risque financier.

La délégation directe, une formule mal connue et délaissée

Pour donner plus de marge de manœuvre à ses clients, Ingram a donc imaginé de remettre au goût du jour une formule de financement figurant déjà à son catalogue depuis plusieurs années mais qui reste peu usitée : la délégation de paiement directe. Cette solution, qui permet de transférer le règlement au client final (sans recours à un organisme financier), est à la fois mal connue et délaissée des revendeurs car elle suppose d’obtenir son accord avant validation de la commande.

En revanche, elle présente l’avantage de pouvoir être mise en œuvre rapidement (en quelques heures) et de ne rien coûter au revendeur, explique Etienne Choquet. À ses yeux ses avantages sont bien supérieurs à ceux du virement irrévocable différé, qui est le moyen de paiement alternatif le plus populaire depuis que la crise a éclaté (et qui a supplanté l’escompte). Dans le cas du virement irrévocable différé, les banquiers ont l’habitude d’exiger une garantie ou de bloquer la somme correspondante.

La délégation de paiement directe va donc faire l’objet d’une intense communication de la part du grossiste au cours des prochains mois. Mais cela sera-t-il suffisant pour pallier au déficit de crédit si la reprise se confirme ? Comme l’admet Etienne, la grande majorité des ventes se fait encore via le financement inter-entreprise traditionnel, les solutions alternatives (leasing location financière, compte-joint, caution bancaire, dépôt, virement irrévocable différé, escompte, délégation de paiement directe…)  représentant toutes ensemble réunies à peine 5% du chiffre d’affaires du grossiste.