Deux ans et demi après son rachat par l’américain Zayo, l’ex-DG de l’opérateur d’infrastructures Neo Télécoms, Florian Du Boys, toujours aux commandes de ce qui est devenu Zayo France, fait le point sur le travail accompli depuis et les perspectives de la société.

Avec le rachat de Neo Télécom, Zayo a hérité d’un ensemble formé d’un réseau métropolitain de 500 km, avec plus de 500 bâtiments raccordés en Ile-de-France et dix datacenters répartis sur tout le territoire représentant près de 4.000 m2 d’espace d’hébergement, réalisant 30 M€ de CA.

Puis à la fin de l’année dernière, Zayo a racheté Viatel. Une opération qui lui a apporté 8400 kilomètres de fibres optiques supplémentaires couvrant six pays (dont les deux tiers en France), douze réseaux de fibre métropolitains, sept datacenters, plus de 80 bâtiments connectés et deux réseaux de câbles sous-marins en propriété exclusive sur les deux axes européens les plus denses : Londres-Amsterdam et Londres-Paris.

Depuis le rachat, il y a eu une continuité très forte, assure Florian Du Boys. Ces deux dernières années, l’effort du groupe – qui exerce exactement les mêmes métiers que Néo Télécoms, à savoir : déployer des réseaux de fibre longue distance, fournir du transit IP international et offrir de la capacité d’hébergement en colocation –  a consisté à regrouper les différentes infrastructures fibre orphelines héritées de ces différents rachats en leur donnant une cohérence d’ensemble.

L’entreprise a ainsi investi 20 M€ chaque année dans l’amélioration de son réseau et de ses capacités d’hébergement. L’opérateur a ainsi réactivé la partie Sud de son réseau, notamment la dorsale Bordeaux-Marseille (héritée de Viatel), raccordant au passage plusieurs villes de l’arc méditerranéen, du Languedoc-Roussillon et du Sud-Ouest (Arles, Nîmes, Bézier, Carcassonne, Montpellier, Toulouse…). Il a également migré en 100 Gbps l’ensemble de son infrastructure sur les grands axes européens. Zayo couvre désormais Amsterdam, Bruxelles, Paris, Francfort et… Marseille en 100 Gbps, qui devient le standard du marché. Côté hébergement, l’opérateur n’a pas ouvert de nouveau datacenters mais a étendu les capacités de ses centres existants.

Objectif affiché : raccorder ses plaques régionales avec le reste du monde

« On se retrouve dans la situation enviable d’être propriétaire d’un réseau d’infrastructures en Europe et aux USA où se répartissent le gros des besoins actuels en télécommunications, commente Florian Du Boys. Ce réseau européen est massivement présent sur le territoire national, ce qui nous a permis de mailler entre eux tous nos points de raccordement régionaux existants et les ouvrir au reste du monde. On maîtrise notre réseau de fibre noire et on sait fournir du 100 Gbps de bout en bout. On compte utiliser cette infrastructure nationale pour accroître de manière significative le raccordement de nos plaques régionales au reste du monde ».

« Tous les câbles du Moyen-Orient arrivant à Marseille, on nous demande de dispatcher ce trafic vers les grandes métropoles européennes et non plus de le remonter vers Paris, comme c’était la norme jusqu’à présent, poursuit le patron de Zayo France. L’une des vocations de notre réseau, c’est de mieux interconnecter les différentes plaques régionales entre elles ». Dans le même temps, Zayo se targue ainsi d’amener les standards du marché parisien en régions. « À Besançon, où nous avons fait converger notre dorsale il y a trois ans, nos débits quasi illimités associés à nos capacités d’hébergement ont permis normaliser les tarifs de la bande passante en divisant les prix par 50, contribuant à faire éclore de nouveaux usages et engendrant une dynamique économique autour de ces nouveaux usages », explique-t-il.

Zayo France a adopté un positionnement d’opérateur neutre d’infrastructures global capable de répondre à la fois aux clients internationaux ayant de gros besoins en France (tels AWS, Microsoft, Salesforce), aux clients français ayant de gros besoins à l’international (connexion vers les grands fournisseurs de cloud par exemple) et à des clients français ayant de gros besoins en France (sites marchands, Administration, etc.). « Être global n’est pas antinomique avec être régional », ajoute Florian Du Boys qui assure avoir conservé la proximité clients qui faisait la réussite de Néo Télécoms.

Aujourd’hui, le groupe Zayo fait 2 milliards de dollars de CA, soit le double d’il y a deux ans et demi. Dans le même temps, la société est passée de 30 à 50 M€ de chiffre d’affaires en France et vise 100 M€ à l’horizon 2018 sur la zone Europe du Sud (qui comprend, outre la France, l’Italie, l’Espagne, mais également la Suisse, la Belgique et le Luxembourg). Parmi ses clients, on retrouve une grande proportion de partenaires dont le rôle essentiel est de gérer pour le compte des clients les longueurs d’ondes qu’ils achètent. Ces partenaires peuvent être des opérateurs de services, tels Adista, des intégrateurs de solutions télécom, tels Interdata ou IMS, et des opérateurs spécialisés tels Intrinsec (dans le domaine de la sécurité), Antemeta (stockage) ou Diademys (Cloud).