Après quinze mois de baisse, les défaillances d’entreprises IT sont reparties à la hausse en octobre et en novembre. L’activité rechute depuis septembre et beaucoup n’ont pas eu le temps de reconstituer leurs fonds propres.


En octobre, la crise des dettes souveraines a mis un coup d’arrêt au cycle de quinze mois de baisse quasi ininterrompue de la sinistralité d’entreprises dans le secteur IT. Le nombre de défaillances a ainsi augmenté de 13% par rapport à octobre 2010, selon le département études de Coface. Et novembre est venu confirmer la tendance, avec une hausse de 5% des défaillances. Du coup, à fin novembre, les défaillances ne reculent plus que de 6% sur douze mois glissants contre 10% au mois de septembre.

Une remontée de la sinistralité qui s’accompagne d’une hausse de la taille des dossiers. Ainsi, le mois de novembre a été marqué pas la liquidation judiciaire de la société de services Seriacom qui, avec 18 M€ de CA en 2009 et 150 salariés, était classée parmi les 150 premières SSII françaises en 2010.

À noter également les liquidations du grossiste-éditeur Sparxent (4,2 M€ de CA en 2009) en octobre et du mainteneur Agemis (4 M€ de CA). Le partenaire IBM JP Services (Groupe CPS) qui a réalisé 5 M€ de CA en 2009-2010) obtient un redressement judiciaire, de même que l’intégrateur Archipel (4,3 M€ de CA), membre du groupe Folio, spécialisé dans l’équipement IT du secteur prépresse et de la production mutlimédia.

Une remontée de la sinistralité qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’abord, le business est mou, notamment dans le négoce de produits. « Le mois de septembre a été très mauvais et octobre-novembre loin d’être euphoriques », selon un gros revendeur. Et les pénuries PC liées aux inondations thaïlandaises commencent déjà à se faire sentir chez les grossistes n’augurant rien de bon pour décembre et les prochains mois.

Dans les services, la situation ne semble guère meilleure. Officiellement, l’activité reste correcte en cette fin d’année, selon le Syntec. En pratique, on est loin de la dynamique du premier semestre et les petites SSII semblent affectées depuis quelques semaines par de nombreuses fins de mission pour motifs budgétaires, à en croire les différents témoignages que nous avons pu recueillir ces derniers jours.

Autre facteur de la sinistralité des entreprises IT : l’accès de plus en plus difficile au financement. Si pour l’instant, les sociétés d’assurance crédit inter-entreprises n’ont pas révisé leurs encours à la baisse, sans surprise, les banques elles seraient en train de fermer le robinet des prêts.

Et, selon René-Luc Caillaud, pdg du grossiste ETC, l’Etat serait en train de durcir l’accès aux différents dispositifs fiscaux liés à l’innovation (Crédit impôt recherche, aide à la création d’entreprise innovante, garanties Oseo…) : « les contrôles sont plus importants depuis quelques mois occasionnant des paiements décalés pouvant aller jusqu’à six mois ». Un zèle administratif qui risque de plomber les bilans 2011.