C’est en 2009 que les défaillances d’entreprises du secteur informatique seront les plus importantes. Jusqu’ici protégé, le secteur va progressivement s’aligner sur le reste de l’économie.

 

Les signes avant-coureurs ne trompent pas. Jusqu’ici épargné, le secteur IT commence à subir le contrecoup de la crise. « L’année 2009 sera la première année d’augmentation du nombre de défaillances dans le secteur IT depuis 2003 », analyse Didier Moizo, conseiller sectoriel IT chez Euler Hermès SFAC. Pour étayer son pronostic, il se fonde sur l’évolution récente du nombre de défaillances d’entreprises IT.

Certes, entre octobre 2007 et octobre 2008, le nombre de défaillances effectives a diminué de -2%, ce qui pourrait laisser penser que la tendance est bonne à moyen terme. Mais sur la période allant de 2003 à 2007, le rythme de baisse annuelle des défaillances d’entreprises IT était en moyenne de -6%. Pire, l’effritement s’accélère : sur les 10 premiers mois de l’année 2008, la baisse des défaillances n’est que de -1%.

Déjà, les défaillances des entreprises de conseils informatiques ont augmenté de +4,6% au cours des 12 derniers mois (octobre 2007 – octobre 2008) en passant de 325 à 340. Le conseil intervenant en amont des projets informatiques, cela vient confirmer le ralentissement général et une situation qui se dégrade.

Même dégradation pour le négoce de matériels informatiques. L’indice de l’activité calculé par l’INSEE a chuté de -4,3% au mois d’août 2008 par rapport à août 2007. Lissé sur 12 mois, l’indice baisse de manière moins significative (-0,1%), mais le véritable ralentissement se produit depuis le début de l’année 2008 : -1% sur les huit premiers mois de 2008 comparés à la même période de 2007.

Le poids des défaillances se fera sentir en 2009

René-Luc Caillaud, PDG du grossiste ETC, partage le pessimisme de Didier Moizo : « Le paroxysme de la crise devrait véritablement se ressentir au second trimestre 2009, d’après nos dernières remontée d’informations commerciales. Tout va dépendre ensuite de la manière dont vont réagir les clients finaux : vont-ils prendre peur et décaler leurs intentions d’achats ou poursuivre leurs acquisitions de produits et services ? ». Et de constater : « les assureurs ont déjà beaucoup baissé les encours et les délais de paiement se sont allongés depuis juin-juillet 2008. L’accélération des défaillances commence à se constater sur le terrain, comme celle du grossiste NSP la semaine dernière. En outre, les revendeurs commencent à se plaindre de la baisse de leur marge ».

Du coup, le grossiste commence à subir les contrecoups de cette situation. « Nous commençons à connaître une courbe en dent de scie (mois en croissance, suivis de mois en décroissance). Ce qui est nouveau pour nous. C’est pour cela que nous mettons en place des formules de support de vente avec Factum Finances, ECL Finances, IBM Financement, Distrilease, etc., pour sécuriser les transactions de nos clients qui n’ont pas d’encours », relate René-Luc Caillaud.

Un paradoxe : les services informatiques toujours en hausse


Fortement liés à la croissance de l’économie globale, les services informatiques ont continué à très bien se comporter en 2008 en augmentant de +7% en valeur (CA). Même les prix ont progressé d’environ 1%. « Cette stabilité dans la croissance nous a un peu intrigué, mais il existe un phénomène d’inertie sur les services informatiques : un projet entamé ne s’arrête pas du jour au lendemain », remarque Didier Moizo.

De même, certains métiers, comme ceux des agences Internet, des VARs, du stockage et de l’hébergement, se portent très bien. « Les entreprises clientes sont constamment en recherche de solutions qui leur permettent de faire des économies ». constate le PDG d’ETC. Pour les entreprises évoluant sur ces métiers, la crise reste encore (provisoirement ?) théorique.

 

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