Les ex-salariés de Devoteam Télécom et Média, transférés au sein d’Ericsson en avril dernier, commencent à s’agacer de l’intégration au rabais que leur a préparée l’équipementier suédois.


C’est le retour à la réalité pour les salariés de l’ex-Devoteam Télécom et Média. Suite au rachat de cette activité par Ericsson en avril dernier, ils pensaient qu’ils allaient rejoindre Ericsson France et intégrer son pôle Conseil et intégration de systèmes (CSI) au côté d’Audilog et Tridge (rachetés en 2004 et 2011). En réalité, c’est la maison mère suédoise d’Ericsson qui a racheté la holding de droit britannique créée par Devoteam dont ils dépendent. Et c’est cette filiale indépendante, rebaptisée Ericsson Solutions et Services Holding, qui s’apprête à avaler Audilog début 2014, via sa représentation française, Ericsson IT Solutions et Services SAS.

Une opération que les syndicats qualifient d’intégration par le bas. D’abord, de par le choix de la convention collective Syntec plutôt que la convention Métallurgie en vigueur chez Ericsson France. Ensuite, de par la perte des différents accords d’entreprise hérités de Devoteam (ARTT, plan d’épargne, participation, dialogue social, égalité professionnelle, séniors…), qui seront caducs au 1er décembre faute d’accord de substitution (ce que le groupe est manifestement peu enclin à négocier). Même problématique pour Audilog dont le comité d’entreprise pourrait notamment perdre plus de la moitié de son budget à terme.

Et Ericsson semble ne pas se suffire de l’abandon des accords d’entreprise de sa filiale. Le groupe souhaite en effet modifier cet automne le calcul du salaire variable des managers et des commerciaux. Basé aujourd’hui sur des objectifs clairs et personnalisés, ce variable devrait demain être soumis à une nouvelle grille d’évaluation incluant notamment des critères comportementaux et d’atteinte d’objectifs de chiffre d’affaires par la filiale. Un système pourtant repoussé par les salariés d’Audilog dans le passé mais qu’ils risquent bien de trouver en arrivant dans Ericsson IT Solutions et Services.

Autre sujet de mécontentement pour les salariés : malgré le rachat, les méthodes de management n’ont pas changé. Selon les instances représentatives, cela se traduit par des congés obligatoires pour les collaborateurs en intercontrat, des missions qui s’arrêtent brusquement pour les collaborateurs en arrêt de travail, des rémunérations payées en partie en frais, du chantage à la rupture conventionnelle… En revanche, ces mêmes instances notent avec satisfaction le quasi coup d’arrêt sur les licenciements abusifs.

Une accalmie dans les licenciements qui intervient alors que le taux d’intercontrats a eu tendance à grimper ces derniers mois. Au dernier décompte, une soixantaine de collaborateurs serait en intercontrat sur un effectif de 400 personnes, notent avec inquiétudes les instances représentatives. Soit 15% de taux d’intercontrats. Un paramètre qui confirme la mauvaise santé des activités cédées par Devoteam, ainsi que l’avait souligné l’expertise Syndex réalisée lors de la phase d’information-consultation du CE.

Ces mauvaises surprises ont fini par susciter la mauvaise humeur de certains. Et notamment celle de la CFE-CGC qui, bien qu’elle ait gagné les élections le 22 avril, a demandé leur annulation devant le Tribunal d’instance (jugement le 22 juillet), bloquant du même coup le projet de réorganisation que le groupe souhaitait faire passer avant d’entamer la procédure de rapprochement avec Audilog.