L’intégrateur d’infrastructures haut de gamme entend consacrer l’essentiel du produit de son émission obligataire au développement de son offre de services cloud. Explications de son pdg, Georges Horoks.

 

Channelnews : Vous venez de lancer une émission obligataire portant sur un montant de 10 M€. À supposer que cette opération soit entièrement souscrite, que ferez-vous de cette somme ?

 

Georges Horoks : Elle servira pour moitié à financer la croissance organique et pour l’autre moitié des acquisitions. Nous comptons notamment investir dans une offre de cloud public et prévoyons d’embaucher en anticipation de la croisance future. Il est important de préciser que cette somme ne servira pas à rembourser d’autres emprunts mais ira à l’investissement.

 

C’est donc que l’horizon est de nouveau dégagé ?

 

Georges Horoks : En effet. Notre troisième trimestre (octobre-décembre) a été en croissance de 22,7% et notre dernier trimestre (janvier-mars) de l’ordre 6-7%, ce qui a marqué un renversement de tendance par rapport au premier semestre, qui était en décroissance, et a permis d’achever l’exercice sur une croissance de 5,2%. En ce qui concerne le trimestre en cours et la suite, je ne peux pas en dire plus pour l’instant si ce n’est que nos principaux partenaires, IBM, HP, Oracle, etc. ainsi que les instituts d’études type Gartner sont optimistes. Mais le plus important, c’est que nous sommes revenus à l’équilibre tant en résultat opérationnel (+ 0,7 M€) qu’en résultat net (1 M€).

 

Ces résultats ne sont-ils pas un peu artificiels ? Ne doivent-il pas beaucoup à la réduction drastique des coûts et à la cession d’Ovelia ?

 

Georges Horoks : Le résultat opérationnel positif est dû avant tout à la reprise croissance et à la stabilité des marges. Certes, la crise nous a obligés à resserer les boulons. Ce qui s’est traduit par un nombre significatif de départs. Mais il faut garder à l’esprit que notre croissance a été très forte et très rapide jusqu’en 2008. Nous sommes passés de 4 M€ de chiffre d’affaires en 1999 à 233 M€ en 2008. Une période durant laquelle, tous les paramètres n’avaient pas été optimisés. Nous avons donc consacré les 18 derniers mois à restaurer la croissance profitable. Aujourd’hui, la plupart du chemin a été fait. Et nous montrons que nous sommes en mesure de refaire de la croissance malgré un effectif moindre.

 

Quant au résultat net, il est exact que la cession d’Ovelia a un impact. Mais la plus value enregistrée sur cette vente (environ 3 M€) a été en partie mangée par la moins value de consolidation que nous avons dû comptabiliser pour Digilease, notre filiale financement, en cours de cession.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets d’investissement  autour du cloud ?

 

Georges Horoks : Je rappelerais d’abord qu’en plus de virtualiser, consolider et créer des clouds privés pour nos clients depuis des années, nous commercialisons déjà des services clouds à partir de notre datacenter, en ce sens que nous sommes propriétaires des infrastructures hébergées et que les unités d’œuvre facturées sont fonction de l’utilisation réelle (nombre de sites installés par exemple). Notre datacenter s’étend déjà sur 600 M2 et a absorbé plus de 2,5 M€ d’investissements au cours des quatre dernières années. C’est notre filiale Exterinfo, qui gère ce datacenter, qui a vocation à devenir notre base de services cloud.

 

Nous allons compléter cette offre en ciblant des usages précis pour nous différencier. Nous ne sommes pas concurrents de Google. En parallèle, nous comptons bien nous insérer dans la stratégie cloud de nos partenaires. Ils ont tous des offres cloud et la bonne nouvelle c’est qu’ils ont la volonté que leurs partenaires y participent. Ils nous courtisent en ce sens.

 

Et concernant votre stratégie d’acquisition ?

 

Georges Horoks : Ce sera là aussi forcément des cibles positionnées sur des services managés de type cloud. On reçoit beaucoup de propositions mais nous commençons juste à regarder les opportunités.

 

Vous avez choisi d’effectuer votre placement obligataire auprès du grand public ce qui n’est pas très courant. Pourquoi n’avoir pas opté pour un organisme financier spécialisé et quelles garanties offrez-vous à vos souscripteurs ?

 

Georges Horoks : Les acteurs de la dette obligataire ne s’intéressent pas aux « small caps ». D’où l’appel au public. Au cours des deux dernières années, on s’est désendetté de 10 M€. Et au 31 décembre 2013, notre dette actuelle sera complètement éteinte, ce qui ramènera la charge de la dette à 800.000 € par an maximum à partir du 1er janvier 2014. Un montant à comparer aux 5 M€ que nous remboursons annuellement dans le cadre de notre OBSAAR (obligations à bons de souscription et/ou achat d’actions remboursables), émise il y a trente mois, et de nos autres emprunts.

 

Vous avez évoqué une reprise des embauches. Quel est l’effectif actuel et quels sont vos objectifs d’embauche pour l’exercice en cours ?

 

Georges Horoks : Nous sommes actuellement 330 [contre 530 il y a deux ans]. Nous avons atteint notre point bas et nous commençons à rembaucher. Nous devrions recruter trente à quarante collaborateurs cette année. En cette période de reprise, il est important d’anticiper les besoins futurs et de ne pas attendre le dernier moment. On recrute notamment des consultants spécialisés en virtualisation, en virtualisation de stockage, en sauvegarde et en sécurité. Les embauches vont aller en s’accélérant.