La SSII spécialisée  dans le décisionnel voit son activité s’affermir de trimestre en trimestre. La croissance serait même être encore plus significative si le recrutement n’était pas aussi tendu, constate son président, Christian Poyau.

 

Channelnews : Vous avez réalisé 8,3% de croissance sur les trois premiers trimestres 2010. Comment s’est terminé l’exercice et quelles sont les activités qui ont été les plus solides ?

Christian Poyau : Le quatrième trimestre a confirmé cette dynamique. Nous devrions publier un CA en croissance dans une fourchette de +7 à +9% en 2010 (après +2-3% en 2009 et +18% en 2008). Et cette croissance a été alimentée par toutes nos activités et tous les secteurs d’activité. La business Intelligence [près de 50% du chiffre d’affaires] s’est très bien comportée alors qu’elle avait stagné en 2009. L’activité e-business [42% du CA] a conservé sa bonne dynamique en se maintenant un peu au-dessus de la moyenne du groupe (autour de 10%). L’exercice a été plus difficile dans les ERP [10% du CA] après une année 2009 en forte croissance. Mais après un premier semestre étale, les projets ont redémarré au deuxième semestre.

Quel bilan faites-vous de cette année 2010 ?


Christian Poyau : Je constate qu’après une année 2009 difficile, la croissance est repartie. J’en déduis que les systèmes d’informations restent indispensables pour les entreprises et qu’il ne s’agit pas d’une activité aussi cyclique qu’on le dit. Regardez le secteur banque-assurance, qui représente 30% de notre activité : on ne peut pas dire que le business se soit écroulé. Au contraire. D’ailleurs, on aurait pu faire plus de croissance si on avait pu recruter autant qu’on le souhaitait.

Voulez-vous dire que vous commencez à ressentir vous aussi une pénurie de compétences ?


Christian Poyau : Oui. Nos taux d’intercontrats sont très faibles. On en est à prioriser les clients. Et les commerciaux se plaignent à juste titre d’être en position de gagner des affaires qu’on ne peut pas signer faute de ressources disponibles. Le marché de l’emploi est incontestatblement en tension. D’ailleurs les salaires tendent à remonter.

N’est-il pas paradoxal de parler de pénurie de ressources alors que le taux de chômage des informaticiens reste si élevé ?


Christian Poyau : Des consultants au chômage, il n’y en a pas beaucoup à mon avis. Il n’y a malheureusement plus assez de jeunes sortant des écoles d’ingénieurs. Nous avons d’autant plus de mal à recruter que nous recherchons des ingénieurs avec une expertise métier. C’est notre différenciateur. Les consultants métiers représentent environ un tiers de notre effectif.

Que pouvez-vous y faire ?


Christian Poyau : On essaye d’ouvrir des centres de compétences pour fournir plus de services avec moins de ressources. On faire la part belle aux stagiaires sortant des écoles à qui on offre un complément de formation. Et on se réorganise pour recruter plus largement en régions, où on ressent moins cette pénurie et où les collaborateurs sont plus fidèles. Aujourdhui, nous comptons moins de 250 personnes en régions sur un effectif total de 1200 personnes. Mais nous allons augmenter cette proportion.

Quelle sont les régions où vous êtes le mieux implanté ?


Christian Poyau : Aujourd’hui notre principale implantation régionale est celle de Lyon, où nous comptons 120 personnes. Micropole est également présent à Aix-Maseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes-Rennes et depuis l’été dernier à Lille. On est en revanche absent de la région Est.

Avez-vous l’intention d’ouvrir une agence dans l’Est et, si oui, quelle stratégie privilégierez-vous ?


Christian Poyau : On ira si on a une opportunité. Dans ce cas, on compte plutôt sur la croissance organique. A Lille, on est parti de zéro et, après six mois, l’activité est très satisfaisante. On devrait arriver rapidement à une cinquantaine de personnes.

Comment se présente 2011 ?


Christian Poyau : Dans la continuité de 2010. Si on arrive à recruter plus de collaborateurs, on aura plus de chiffre d’affaires. D’une manière générale, la visibilité s’est améliorée. Alors que tout s’est fait par petits bouts avec une visibilité limitée dans le temps en 2010, on parle désormais de projets sur l’année avec des lots plus gros et plus nombreux. Les clients sont plus confiants. Résultat, notre portefeuille d’affaires est plus important qu’il y a un an.

Quelle stratégie de développement allez-vous privilégier sur l’exercice en cours ? Vous réalisez encore près de 80% de vos revenus en France et vous restez très spécialisé. Avez-vous l’intention de vous ouvrir plus largement à l’international et d’élargir vos champs d’activité ?


Christian Poyau : De fait, notre problématique aujourd’hui, c’est de continuer à nous développer. L’un des chemins est l’international en accompagnement de nos clients français déployés à l’étranger. Pour ceux-là tout se draine sur les grands marchés émergents. Je pense qu’à l’étranger, il faut rester très souple. Un autre chemin est la croissance externe. On en a les moyens : on disposait fin septembre de 10 M€ de cash et d’aucune dette. Et on a une expertise en la matière puisqu’en 10 ans, on a réalisé une douzaine d’acquisition. Quand à la spécialisation, c’est une chance et il faut la garder. C’est parce que nous sommes les meilleurs sur nos métiers que les clients nous sélectionnent. Cette expertise, ils sont prêts à la payer. D’ailleurs, on sent un début de redémarrage sur les prix. On va continuer à développer nos compétences notamment dans l’EPM (Enterprise performance managment), le datamining et le MDM (Master data managment).

 

Vous avez déposé une offre de reprise partielle sur l’activité Medicares d’Ares. Pourquoi cette initiative ?


Christian Poyau : Nous sommes intéressés par cette activité de gestion soins qui nous permettrait d’étoffer nos activités de conseil et d’intégration autour des progiciels de gestion dans le secteur de la santé.