Après un excellent exercice 2011, Micropole n’a pas d’inquiétude particulière pour l’année qui débute. Son patron Christian Poyau admet néanmoins un ralentissement des commandes sur certaines offres.

Vous avez annoncé un chiffre d’affaires de 120,8 M€ pour l’exercice 2011, en croissance de 18%. La croissance organique est de 9,1%. Sachant que l’international pèse désormais 25% du consolidé, comment se sont comportées vos activités en France ?

Christian Poyau : Nous avons enregistré une croissance de l’ordre de 10% dans l’hexagone. Ce qui est une belle performance, sachant que nous y approchons désormais des 1.000 collaborateurs. La progression a été sensible sur toutes les activités. La BI (qui représente encore près de 50% du CA total) a surperformé (près de +20%). L’ERP a fait +10%, l’eBusiness +5%. Ça été plus compliqué pour la formation (+6,5%), qui a mal démarré l’année mais s’est rattrapée à la fin.

Vous êtiez connus jusqu’à présent pour vos expertises business intelligence et eBusiness. Il y a trois ans vous avez ajouté une compétence ERP à votre portefeuille métiers. Désormais vous mettez en avant deux nouveaux domaines d’expertise : le MDM (Master Data Mangement) et le CIM (Customer Information Management). Pourquoi cette démarche ?

Christian Poyau : Parce que ce sont deux compétences qui commencent à prendre une place importante. Le MDM, cela fait quatre ou cinq  ans qu’on en fait. Ça consiste à créer des référenciels pour donner une certaine unicité aux informations de l’entreprise. Au départ, c’était un concept relativement flou. Mais c’est devenu une brique transverse à tout le système d’information. Elle mobilise une grosse soixantaine de personnes réparties dans nos différentes business units (BI, eBusiness et ERP). Nous avons donc décidé d’en faire une business unit à part entière.

Même logique pour le CIM. Il s’agit d’une évolution du CRM mais plus orientée gestion de l’information que gestion des processus. Le CRM, nous en faisons depuis le milieu des années 90. Jusqu’à présent nous ne le mettions pas trop en avant, les clients ayant conservé une certaine méfiance suite à l’échec des grands projets Sybel dans les années 2002-2004. Mais c’est resté une vraie problématique. Le concept CIM démarre doucement dans le sillage de nouveaux acteurs tels qu’Update ou Salesforce. Mais nous avons l’intuition que cela va prendre de l’ampleur.

Vous avez également créé une direction recherche & innovation, que vous avez confiée à Charles Parat. Quel est son rôle ?

Christian Poyau : Elle a pour objectif de catalyser toutes les actions de recherche et d’innovation déjà existantes en interne et de les porter en externe de manière plus structurée. Elle propose également à nos clients de les assister directement dans leurs propres actions de R&D.

Vous vous êtes implantés en Chine en juin en rachetant Easteq, une société d’une cinquantaine de personnes spécialisée eBusiness et ERP. Quel intérêt avez-vous à cette acquisition ?

Christian Poyau : Easteq (devenu Micropole China), c’est d’abord une conjonction d’opportunités. Nous disposons notamment d’un manager local en qui nous avons toute confiance. 50 personnes, c’est encore modeste mais le potentiel de croissance est très important. Cette acqusition nous permet d’accompagner nos clients implantés en Chine. 70% d’entre eux le sont déjà. Pour la plupart, la Chine pèse encore une faible part modste de leur chiffre d’affaires. Mais demain, il pourrait atteindre des proportions importantes (jusqu’à 30%). Au-delà des clients français, la Chine regorge d’entreprises de taille intermédiaire (de l’ordre de 500 M$ de CA) encore très peu équipées en systèmes d’information. À terme, nous espérons accompagner certaines de ces entreprises dans leur imlantatin en France.

Après cette belle année 2011, quelles sont vos perspectives pour l’exercice qui démarre ? Vous avez déclaré à l’occasion de la conférence de presse que vous avez tenue pour vos résultats que vous commenciez à ressentir « un ralentissement des commandes ». Qu’en est-il ?

Christian Poyau : En effet, on commence à voir une montée en puissance de l’attentisme, des restrictions, des projets découpés… Mais, comme je l’ai dit dans notre communiqué financier, je ne note pas d’inflexion significative dans la progression du groupe en ce début d’année. On n’aura certainement pas le même niveau de croissance en 2012 qu’en 2011. L’année sera plus comlexe. Mais on n’oberve pas de cassure nette comme en 2009 et on est en ligne avec notre plan de marche 2013 (150 M€ de CA). Le MDM, l’élaboration budgétaire, le FPM (Financial Performance Management), continuent de marcher très fort. L’ERP n’est pas non plus affecté. Ça ralentit plus sur la BI et l’eBusiness. Cela dit, je n’ai pas d’inquiétude. Même s’il est très difficile de donner une tendance au-delà de six mois, nous avons des offres phares, leader sur leur marché. Et le métier du conseil et des services informatiques reste fortement résillient : les entreprises ne peuvent pas arrêter d’investir sous peine de se fragiliser. On le voit dans le secteur bancaire, qui malgré la crise financière, va devoir continuer d’investir pour s’adapter aux nouvelles contraintes réglementaires et de se réorganiser. L’arrivée chahutée de Free dans le secteur Telcos produit exactement le même effet sur les opérateurs mobiles historiques.