Les prix des matériels et probablement des logiciels devraient afficher des hausses de 10% et plus au cours des prochaines semaines en raison du nouvel accès de faiblesse de l’euro. Un coup d’arrêt à la reprise ?
La situation est pratiquement inédite dans le secteur de l’IT. Comme certains le craignaient dès la mi-mai, les prix vont globalement augmenter d’environ 10% au cours des prochaines semaines. Des hausses qui ne devraient épargner aucune famille de produits et affecter aussi bien les marchés grand public que professionnels. Même les logiciels devraient être impactés. L’origine de cette flambée des prix se trouve bien sûr dans l’évolution de la parité euro-dollar, la plupart des produits IT étant exprimés en devise américaine. Après avoir perdu 12% de sa valeur par rapport au dollar entre début décembre 2009 et fin avril 2010, l’euro vient encore d’abandonner plus de 10% en cinq semaines (il cotait 1,21 $ vendredi 11 juin à la clôture et est même descendu sous la barre des 1,20 $), soit une baisse de 21% de sa valeur en 6 mois.
Des hausses de prix, il y en a déjà eu, notamment au cours de la période février-mars. Mais elles sont restées limitées tant en proportion (quelque pourcent) qu’en nombre de produits touchés. Beaucoup de fournisseurs ayant fait le choix de rogner provisoirement leur marge, misant sur la baisse structurelle des prix pour se rattraper à terme. Au pire, ils avaient arrêté prématurément certaines promotions. Mais cette fois, l’ampleur de la baisse de l’euro et sa rapidité outrepassent les capacités d’absoption de l’industrie. C’est donc les clients qui vont être priés de compenser le manque à gagner.
Des hausses parfois spectaculaires
Certaines marques ont déjà annoncé des hausses de tarifs, parfois spectaculaires. Ainsi HP, qui en est à sa troisième révision de tarifs en 6 semaines (soit une tous les quinze jours), a augmenté certaines de ses options de plus de 20% (en deux vagues successives de 10%) depuis le 1er mai. Même topo chez Cisco où les matériels se sont renchéris d’environ 10% depuis la fin avril, causant d’innombrables litiges avec les clients déjà pénalisés par les difficultés d’approvisionnement du constructeur. Mais pour beaucoup de marques, la hausse ne deviendra sensible qu’à partir de fin juillet-début août, lorsque les stocks actuels auront été épuisés.
Ainsi Acer, nous a confié maintenir tous ses prix pour les matériels déjà livrés ou en cours d’approvisionnement. Même ses offres promotionnelles sont maintenues jusqu’à épuisement. En revanche, toutes les commandes passées depuis deux semaines et à livrer à partir de fin juillet, affichent des hausses de prix de l’ordre de 10%. Soit 30 à 50 € de hausse au minimum pour un notebook. Des hausses qui coincideront avec l’arrivée des gammes de rentrée.
Microsoft n’a encore rien dévoilé de ses intentions
Toutes les marques devraient répercuter des hausses comparables. L’inflation des prix devrait même atteindre 15% dans certains cas, selon un grossiste, notamment pour les moniteurs. Des augmentations sont déjà annoncées sur la plupart des familles de produits, y compris les cartouches d’encre. En revanche, Microsoft n’a encore rien dévoilé de ses intentions. Seule hausse constatée par un de ses répartiteurs : celle de la version de base d’Office dont la version 2010 débarque sur les étagères.
Bien entendu, ces hausses sensibles ne devraient pas être sans conséquences sur les ventes. « Le niveau d’activité risque de se ralentir », convient un grossiste. « Les clients râlent mais comprennent la situation », nuance un autre. Les plus embarassés sont les revendeurs HP et Cisco, qui doivent expliquer à leurs clients que le devis fait la veille n’est plus valable le lendemain ou que la commande passée avant la nouvelle chute de l’euro et toujours en attente, va devoir être renégociée.
Seule solution : faire preuve d’inventivité
« Dans ces situations, il faut faire preuve d’inventivité en proposant des promotions, des produits reconditionnés, des gammes alternatives ou en l’étude des besoins du client », suggère le chef produit HP d’un grossiste. Si aucune de ces solutions ne marche, alors il ne reste plus pour les revendeurs qu’à prendre sur leur marge en espérant compenser sur les services facturés. Ils pourront toujours se consoler en pensant que ces hausses tarifaires entraîneront une hausse mécanique de leur marge sur leurs prochaines affaires.