Restructuration de l’entreprise, montée en puissance du channel, crise économique, entrée dans le monde de la mobilité : Thierry Petit, directeur général de Dell, fait pour nous le bilan de l’année 2009.

Channelnews : Quel bilan tirez-vous de l’activité du réseau en 2009 ?


Thierry Petit : C’est une année globalement satisfaisante. On a vu la montée en puissance du réseau en Europe et en France bien que 2009 fut une année compliquée pour notre secteur. Le channel s’est bien comporté et à fait mieux que l’ensemble de notre activité directe. Celle-ci étant plus ancienne et mieux installée, c’est tout à fait naturel.

On a eu un business intéressant à travers nos 2.000 partenaires enregistrés, dont 75 sont certifiés Enterprise Architecture, qui est le niveau le plus élevé. Cela dit, je ne vous donnerai pas de chiffres détaillés.

La France se distingue-t-elle des autres pays européens ?


Thierry Petit : La France fait partie des pays qui se comportent mieux que la moyenne européenne. Il y a deux pays dans ce cas, le nôtre et l’Allemagne. C’est plus compliqué pour le Royaume-Uni et l’Espagne qui souffrent beaucoup. C’est plus un problème de marché qu’un phénomène de réseau.

Envisagez-vous encore un développement de votre channel ?


Thierry Petit : Nous n’avons pas à ce propos d’objectifs de croissance extrêmement agressifs. Avec 2.000 partenaires nous partons sur une bonne base. En travaillant mieux avec ces partenaires nous pouvons envisager une croissance du business. Cela dit, le réseau va probablement encore se développer dans les deux ans, mais modestement. Nous n’avons pas encore fait le plein, cependant nous n’en sommes pas loin.

Avez-vous atteint les objectifs que vous vous étiez fixés lors de la restructuration engagée en début d’année ?


Thierry Petit : Oui, complètement, bien que ce ne soit pas quelque chose d’agréable à faire pour un directeur général. La restructuration est un chantier terminé. Tous les collaborateurs qui devaient nous quitter l’ont fait, la plupart en septembre, quelques autres en octobre et en novembre. On peut à présent mobiliser les équipes et lui donner un signal encourageant.


Comment vous positionnez-vous par rapport aux développement des infrastructures complexes ? S’agit-il d’un marché stratégique ?


Thierry Petit : Nous attendons de nos 75 partenaires certifiés Enterprise Architecture beaucoup de valeur ajoutée en matière d’intégration des infrastructures. Cela dit, les autres partenaires, qui ont une activité informatique plus traditionnelle, sont tout aussi importants. Ils apportent à nos clients une véritable valeur ajoutée en matière de présence commerciale, de support, de déploiement rapide. Le secteur de l’informatique traditionnelle et des services associés est une activité importante qui représente 60% de notre chiffre d’affaires. Nous voulons rester un grand dans le domaine de la micro-informatique


Dell a entamé un virage vers la mobilité et a annoncé la sortie de smartphones destinés aux marchés chinois et brésiliens. Verra-t-on bientôt ces produits en France ?


Thierry Petit : On a déjà livré le marché chinois avec un smartphone. On souhaite à présent mettre en place une organisation ciblant le marché des produits communicants, dans un environnement de mobilité. Le smartphone est une composante de ce marché. Il y a aussi les netbooks, les terminaux permettant le téléchargement de médias depuis Internet. Il y a tout un potentiel de terminaux que l’on peut connecter. Cela va bien au-delà des smartphones.

Il est trop tôt pour dire si l’on verra ces produits en France. C’est une problématique complexe de « go to market ». Il faut pour entrer sur le marché avec ces produits de bons partenaires, un bon modèle économique. Cela exige des accords très particuliers. Quel réseau de distribution ? Quels partenariats ? Quel modèle économique ? Si l’on parvient à résoudre ces équations pour un pays on y entre. Sinon on fait l’impasse.


Où en est l’intégration d’ASAP ?


Thierry Petit : Il n’y a plus d’ASAP. C’est un des premiers chantiers réalisés dans le cadre de la restructuration. La société a été intégrée dans l’organisation Software et Périphériques de Dell.


Revenons si vous le voulez-bien à l’année 2009. Comment avez-vous vécu la crise et comment voyez-vous 2010 ? Constatez-vous des signes de reprise ?


Thierry Petit : En 2009, le marché sur lequel on opère a reculé. On peut estimer le retrait entre 15 et 20%. C’est une récession brutale comme nous n’en avons jamais connue, même pas en 2000 à la fin de la bulle Internet. Tous les acteurs ont souffert. On constate aujourd’hui des signes encourageants, particulièrement aux États-Unis. L’Europe est en retrait, bien qu’il y ait des signes positifs en Allemagne et en France. C’est pourquoi je suis assez optimiste pour 2010. Ce sera une année bien meilleure que 2009, ce qui n’est pas difficile j’en conviens. Je crois cependant que ce sera un bon, voire un très bon cru en France, avec une activité qui semble repartir, des investissements d »État qui sont protégés, une migration de parc – aussi bien dans le grand public que dans le marché professionnel – qui s’effectue grâce à l’arrivée de Windows 7 et des projets gelés pendant 18 mois qui repartent. La conjoncture va se retourner et le rebond sera aussi important que le recul. On se prépare à une très bonne année 2010.