Henri Viard, directeur général France de Computacenter revient sur les gros chantiers qui ont marqué l’exercice 2012 : la fusion avec Top Info et les gros investissements consacrés à l’outil logistique.


Computacenter France affiche une croissance de 7,3% de son chiffre d’affaires sur l’exercice 2012 à 591,5 M€ mais le périmètre a évolué entre les exercices 2011 et 2012 du fait de l’acquisition de Top Info intervenue à la fin de premier trimestre 2011. Quelle a été la croissance de la filiale française à périmètre constant sur ses différentes activités ?

Henri Viard : À périmètre comparable, le chiffre d’affaires global est resté stable. L’activité distribution a reculé de 4% (contre +5,3% sur le nouveau périmètre). En revanche, le périmètre des services (qui ont progressé de 18,7%) n’a pas changé, Top Info ayant une activité marginale dans ce domaine.

Vous signalez dans votre rapport à l’usage des investisseurs que la croissance comme la rentabilité ont été impactés au premier semestre à la fois par la signature de plusieurs grosses affaires dans les services managés occasionnant une forte demande de ressources et par un important taux de sous-utilisation suite à l’arrivée à échéance de plusieurs contrats de maintenance particulièrement profitables ? N’y a-t-il pas comme une contradiction ?

Henri Viard : Entre septembre 2011 et mars 2012, nous avons en effet remporté pas moins de six énormes contrats dans ce que nous appelons les services contractualisés, autrement dit les services managés. Quand on démarre ce type de contrats, on fait d’abord en sorte de sécuriser le niveau de service en recrutant et en formant les ressources nécessaires. Ces nouveaux contrats nous ont ainsi conduits à recruter pas moins de 400 personnes, soit l’équivalent d’un quart de l’effectif (Top Info compris). Comme vous pouvez l’imaginer, cela a eu un impact sur la marge. Ce n’est que dans un deuxième temps que l’on s’est employé à rationnaliser les ressources.

Dans le même temps, la marge a été affectée, comme nous le mentionnions dans notre rapport, par la fin de certains contrats d’extension de garantie pluriannuels qui avaient été souscrits il y a cinq ans à des tarifs correspondant à ceux de l’époque, c’est-à-dire bien supérieurs à ceux d’aujourd’hui. Ces contrats ne sont plus renouvelés tels quels, mais sont de plus en plus logés dans des contrats d’infogérance plus globaux. Une évolution qui impacte au passage les techniciens. Là où on remplaçait autrefois un composant défectueux, on privilégie désormais l’échange de machine avec transfert des données. On ne fait plus appel au même niveau d’expertise de la part des techniciens.

Enfin, le premier semestre 2012 a été impacté par l’attentisme lié au contexte électoral. Cela a affecté la distribution mais également les professional services, c’est-à-dire les services non récurrents (projets, consultiong et régie). D’où cet effritement signalé de la marge et du chiffre d’affaires sur le premier semestre alors même que nous démarrions d’importants contrats de services managés.

Une contre-performance que vous avez apparemment réussi à corriger en partie pour ce qui concerne la marge puisque le bénéfice d’exploitation a certes reculé de 1,6 M€ sur l’année mais vous signalez qu’il était déjà en retrait de 1,1 M€ à mi-parcours. En revanche, comment expliquez-vous le recul de 4% de la distribution ?

Henri Viard : Ce recul de 4% n’est pas si mauvais si on le compare au recul de -2 à -3% du marché estimé par IDC pour la période. Le fait est que nous faisions jusqu’ici plutôt mieux que le marché. C’est peut-être un effet de notre déménagement. Comme vous le savez, nous avons réunis les équipes centrales de Top Info et Computacenter sur un même site et rapproché les stocks. Des clients ont pu diversifier leurs approvisionnements par précaution. Mais si des volumes nous ont effectivement échappé, nous devrions les recapter rapidement grâce à l’amélioration de notre outil logistique.

Pouvez-vous précisez en quoi vous avez amélioré votre outil logistique ?

Henri Viard : Nous n’avons pas juste regroupé quatre sites en un mais véritablement franchit une étape dans notre gestion stock et dans notre manière de travailler. Nous avons en partie mécanisé le picking et développé notre activité configuration. Nous sommes désormais capables d’encaisser de fortes variations d’activité en très peu de temps. Nous avons également regroupé et sécurisé nos systèmes d’information. Une sécurisation qui profite à toute la chaîne logistique. Tout est désormais redondé, que ce soit sur le plan électrique, télécoms, matériel… Ces aménagements ont nécessité plus de 10 M€ d’investissements, là où nous dépensons 1 M€ en année courante. Ces investissements, c’est quelque-chose que l’on peut vendre à nos clients.

Vous soulignez que l’intégration de Top Info est terminée et que c’est une réussite.

Henri Viard : oui. Nous n’avons pas perdu de clients et personne n’a été poussé dehors. Ceux qui n’ont pas voulu suivre, essentiellement pour des raisons d’éloignement, ont pu partir. Du reste, la plupart ont été remplacés car il y avait vraiment un poste pour tout le monde. Je pense que c’est la meilleure intégration que l’on ait faite. Nous avons pris le temps de capter les éléments de réussite de Top Info (notamment leur culture clients, leur réactivité, leurs relations constructeurs) et nous avons capitalisé dessus. Et de leur côté, ils commencent à capitaliser sur nos offres logicielles, infrastructures et services. D’une manière générale, et compte tenu du contexte de crise accrue, je pense que Computacenter France s’est bien sorti de l’année 2012, sachant que l’intégration de Top Info et le démarrage de ces gros contrats cités plus haut ont représenté une transformation radicale pour la société. Il ne faut oublier que nous sommes passés en l’espace d’un an d’un effectif de 1.400 personnes à plus de 1.800.

Il vous reste un dernier chantier en cours : la migration de votre ERP. Quand est-ce que vous devriez avoir terminé ?

Henri Viard : En effet, nous migrons notre vieux JBA vers SAP. Ce n’est pas un projet anodin mais nous avons la chance que le groupe ait déjà engagé cette migration en Grande-Bretagne et en Allemagne avec succès. Nous avons démarré le chantier l’été dernier et nous devrions basculer en production avant la fin du premier semestre. Cela devrait nous permettre de bénéficier de beaucoup d’intégration à tous les niveaux et contribuer à fiabiliser les données en amonts des processus.

Comme vous le souligniez, Computacenter France a amélioré sa performance sur la fin de l’année 2012. Est-ce que cela vous rend confiant pour l’exercice en cours ?

Henri Viard : Il est encore trop tôt pour de se prononcer sur les perspectives 2013. L’environnement nous incite à beaucoup de prudence. Nous traversons encore un premier semestre délicat marqué par l’attentisme des clients qui se demandent où et quand investir. Dans ces conditions, le seul objectif que nous nous sommes fixé est de réaliser une croissance supérieure à celle du marché tant en distribution qu’en services.