Le marché français du numérique est en train de subir un véritable coup d’arrêt, alerte Numeum sur la base de la dernière mise à jour de son observatoire semestriel de conjoncture (réalisé en partenariat avec PAC). La croissance du marché devrait ainsi plafonner à +1,8 % cette année, contre +3,5 % en 2024, pronostique le syndicat professionnel. Plus inquiétant, l’activité des entreprises de services numériques devrait reculer de -2,1 % (contre une hausse de 0,7 % en 2024) et celle des entreprises de conseil en technologies de -2,5 %.
En cause, la stagnation de l’économie, qui entraîne une réduction globale de la demande en services numériques. Seuls les éditeurs et les plateformes cloud devraient tirer leur épingle du jeu cette année avec une croissance de +8,2 % (niveau inchangé par rapport à 2024). Mais un gros tiers de cette dynamique est portée par la vague des migrations vers le Cloud (IaaS et PaaS) et la hausse des tarifs, s’empresse de nuancer Numeum, qui note que cette progression « repose sur peu de nouveaux projets d’investissement ». D’où le ralentissement des activités d’intégration et de déploiement des ESN.
Même l’IA générative ne parvient pas à stimuler la demande. L’enquête en ligne que Numeum a menée entre mi-avril et fin mai 2025 auprès de 300 entreprises pour les besoins de son observatoire le montre : bien que 48 % des répondants déclarent travailler sur des projets d’IA générative (contre 29 % fin 2023), les investissements en la matière restent à la traîne en raison du manque de compétences (facteur identifié comme un obstacle majeur par 47 % des répondants) et de la difficulté à identifier des cas d’usage à forte valeur (47 % des réponses).
Un contexte qui incite bien évidement les entreprises du numérique à lever le pied sur les embauches. Sur la base de son enquête, Numeum anticipe ainsi une diminution des recrutements de jeunes diplômés et d’alternants cette année. Ce qui confirme le retournement de tendance observé l’année dernière : après 15 ans de croissance continue de l’emploi, le secteur a perdu 7.000 postes en 2024, revenant à environ 666 000 postes, soit le niveau de 2022. Un motif de préoccupation supplémentaire pour Numeum, qui rappelle que le numérique ne représente que 5,5 % du PIB de la France, contre 10 % aux États-Unis.