Le départ surprise du PDG de SFR inquiète les salariés. Les élus du personnel au CCE de SFR ont diffusé hier un document de deux pages, publié par nos confrères de ZDNet, qui traduit les inquiétudes du personnel quant à l’avenir du groupe. « Les élus constatent avec stupéfaction le départ de Michel Paulin qui portait un projet ambitieux pour SFR et qui a toujours eu le souci du partage de l’information et du respect de la parole donnée dans le cadre d’un dialogue social rugueux mais toujours respectueux. La soudaineté de ce départ ne manque pas d’inquiéter les salariés et les instances représentatives sur la poursuite du projet SFR, de la structuration du groupe et des effectifs sur lesquels s’est engagé Michel Paulin au nom du Groupe Altice/SFR. Pour les élus, ce départ précipité apparait comme lié en principal à l’existence d’un « shadow cabinet » qui installe son pouvoir avec une violence managériale inouïe et une opacité incompatible tant avec les obligations de transparence imposées par le droit français et les accords collectifs qui nous lient, qu’avec l’obligation de sécurité pesant sur l’employeur. « Cette stratégie d’un management par la peur ne pourra pas d’une part, être le socle d’un changement de stratégie auquel ne serait pas associé le CCE et d’autre part, la base d’une reconquête des marchés et des abonnés perdu », peut-on encore lire dans le document.

Les signataires s’inquiètent par ailleurs des investissements réalisés dans les contenus au détriment du cœur de métier de l’opérateur, notamment le fixe grand public et le BtoB, qui selon eux pèsent lourdement sur les marges et les cash-flow du groupe. « Avec l’acquisition des droits sur le foot européen, les contenus représenteront un milliard d’euros de charges dans les comptes du Groupe à horizon 2019 et ce alors que la « reine des batailles », celle sur le foot français, n’a pas encore débuté. Il convient de rajouter à ces coûts, le service d’une dette financière portant sur un total de plus de 17 milliards d’euros et qui représente plus de 900 millions d’euros de décaissements chaque année ». Ils sont d’autant plus inquiets que « SFR Group va sortir de la cote boursière, entraînant de ce fait une bien moindre transparence dans la communication de ses comptes ».

Ils regrettent également que l’annonce officielle du « nouveau duo de management » de l’opérateur, à savoir Michel Combes et Alain Weill, fait l’impasse sur le rôle décisionnel de l’homme d’affaires et co-actionnaire d’Altice, Armando Pereira. « Il appartient à la nouvelle présidence de l’entreprise de présenter les attributions opérationnelles de cet actionnaire minoritaire dans la gestion de l’entreprise, il est en effet intolérable qu’une partie de la stratégie et des relations avec les équipes soient établies par un homme dont les représentants du personnel ne connaissent ni le statut ni les fonctions opérationnelles. »

Les élus demandent « un changement de logiciel » et « l’arrêt du Monopoly pour faire preuve d’une véritable volonté de construction d’un groupe leader dans les télécoms et media, ce qui ne pourra se faire sans clients et sans salariés » « Les salariés, les clients, la presse, l’ensemble des acteurs économiques et les acteurs publics regardent le groupe Altice/SFR, personne ne pardonnera une nouvelle catastrophe industrielle et sociale sur notre territoire », peut-on encore lire.

Attendant un réponse motivée à leur voeu « dans le cadre de la loi », les élus du personnel indiquent qu’il refuseront de passer à un autre point « tant que celui-ci n’est pas traité » lors de la réunion du CCE.