L’affaire d’escroquerie par usurpation d’identité à laquelle nous avons consacré un article la semaine dernière n’en finit pas de suciter de nouveaux témoignages, confirmant chaque jour son ampleur.

 

Suite à l’article publié le 6 juillet détaillant les mécanismes de l’escroquerie à grande échelle qui sévit actuellement dans le secteur IT, nous avons reçu plusieurs nouveaux témoignages venant étayer ce dossier. Le préjudice le plus important que nous ayons recensé concerne le grossiste-importateur allemand PC Cooling qui s’est fait soulager de 150.000 € de matériels par les auteurs de cette arnaque. Il vient ainsi de donner une procuration à son partenaire français Bacatá pour porter plainte en son nom sur le territoire français.

Si les tentatives d’escroquerie se font actuellement principalement aux dépens de sociétés étrangères, les sociétés françaises ne sont pas épargnées. Outre les cas d’OpenStorage, Electrocom et d’Acel Genesys que nous signalions la semaine dernière, nous pouvons également ajouter ceux de Capaciti et de SDI Roca. Mais aucune de ces tentatives n’aurait débouché sur un préjudice pour les sociétés citées.

Moins à plaindre mais plus exposés, les grossistes Textorm (ldlc), Europ Computer Performance et RCO (Radio Comptoir de l’Ouest), ainsi que le prestataire de services informatiques et éditeur de logiciels de gestion angevin Adventi rejoignent pour leur part la liste des sociétés déjà répertoriées (Germond SA, Best’Ware, Newcom Distribution, Immotique Distribution, Cybertek, Conectis et Eric Archivage) ayant été victimes d’usurpations avérées de leur raison sociale.

Pour Textorm, le premier cas signalé remonte à une quinzaine de jours mais trois affaires lui ont déjà été signalées. Même topo pour RCO, qui n’a déposé plainte auprès de la Gendarmerie qu’il y a quelques jours. Pour sa part, Europ Computer Performance affiche carrément un pop-up d’avertissement sur la page d’accueil de son site appelant ses fournisseurs à la vigilance face à la forte recrudescence des escroqueries sur Internet par usurpation d’identité ou de raison sociale.

Quant au témoignage de la société Adventi, son intérêt réside dans le fait que les premières usurpations d’identité remontent non pas à février dernier comme pour les autres affaires mais à la mi-2008. Depuis la société a eu connaissance d’une vingtaine de tentatives d’escroqueries en son nom, dont trois ou quatre ont abouti. « Une fois, j’ai même reçu un appel des douanes souhaitant s’assurer que j’étais bien le commanditaire d’une cargaison de tronçonneuses en partance pour l’Afrique, se remémore le patron de la société.

Adventi a porté plainte dès octobre 2008, notamment pour faux en écritures et usurpation de raison sociale. Une plainte finalement classée sans suite par le Procureur de la République au motif que « les investigations menées n’avaient pas permis d’identitifier les auteurs des faits ». Résultat : deux ans après, l’utilisation de sa raison sociale à des fins frauduleuses continue. « Nous avons encore eu le cas il y a quelques mois, confirme le patron d’Adventi. Une personne a ouvert une ligne téléphonique chez Orange en présentant notre extrait Kbis ». Ce qui vaut désormais à la société de figurer sur le fichier Préventel que partagent les opérateurs pour se prémunir des impayés.

Un témoignage qui démontre à quel point les autorités semblent impuissantes, voire même passives, suggèrent certains, face à cette fraude. « Une impuissance qui rappelle celle relative à la fraude à la carte bleue à laquelle nous sommes soumis quotidiennement, confie le patron d’un grand site marchand. Heureusement, nous avons développé des outils nous permettant de détecter efficacement ces fraudes. Ce qui est consternant, c’est que les services de police pourraient facilement attraper les auteurs de ces transactions frauduleuses en les cueillant au moment où ils prennent livraison de leur marchandise. Mais ils ne sont pas réellement inquiétés. Pas assez rentables à poursuivre m’a-t-on laissé entendre ».