Paradoxalement, la scission HP semble avoir fait naître les plus grandes inquiétudes en interne que parmi les clients et les partenaires. De fait, ces derniers se montrent plutôt satisfaits du travail réalisé par HP en amont pour préparer cette scission. « Les mesures d’accompagnement des partenaires qui ont été déployées tout au long des derniers mois ont été bien faites et plutôt efficaces », signale un partenaire. Pour cela, HP s’est appuyé sur différents supports de communication notamment sur des webinars thématiques, mais également sur du mailing, du phoning et des visites. Tout au plus certains déplorent que ces mesures d’accompagnement aient été un brin « tardives » et parfois « déshumanisées », dans la mesure où elles ont été relayées essentiellement via le Web.

Des changements d’interlocuteurs mais pas d’incidence sur le business

À la question de savoir si cette scission et la réorganisation interne qui en a découlé avaient eu un impact sur la relation qu’ils entretiennent avec HP, les partenaires sont partagés. Une grosse moitié a constaté des changements d’interlocuteurs souvent sans conséquence notable mais parfois « pas très judicieux ». « Nous avons vu arriver « des petits jeunes » certes plein de dynamisme, mais ne connaissant rien aux rouages d’une entreprise comme HP, regrette ainsi un intégrateur francilien. Il ne faut pas avoir besoin d’escalader la hiérarchie pour résoudre un problème ou simplement obtenir une réponse technique. Car plus que les interlocuteurs commerciaux, ce sont les ressources techniques qui semblent avoir fondu… ». Mais, hormis pour ce revendeur, pour qui « il est plus difficile de travailler efficacement avec HP depuis 1 an », pour les autres, rien n’a changé à ce stade.

De même, il n’y a pas de changement notoire pour le moment dans les programmes partenaires…

Au final, la grande majorité des partenaires que nous avons interrogés nous a confirmé que la réorganisation liée à scission n’a eu aucune incidence négative sur leur business, à part peut-être le « freeze » du système d’informations HP début septembre pendant quelques jours.

« HP était en déclin et il était temps de le secouer »

Pour autant, peu se risquent à affirmer que HP a pris la bonne décision et celle-ci aura des répercussions positives sur le business. « L’avenir le dira » se contentent de dire les partenaires. Si la plupart se disent peu convaincus par les arguments déployés par HP pour justifier la scission, beaucoup conviennent qu’il fallait faire quelque-chose. « Après des années marquées par des choix stratégiques discutables – comme le rachat d’EDS – ou des erreurs de casting – dans la direction générale worldwide, il faut bien reconnaître que HP était en déclin et qu’il était temps de « secouer » l’entreprise », analyse Michel Rathier, patron d’Altix Solutions. Tanguy Moreux, directeur commercial de BFS Network, approuve pour sa part « cette organisation par branches » qui va permettre de « concurrencer le marché avec des gens spécialisés ».

Le directeur des achats d’un revendeur corporate note simplement que HP fait le choix de la scission quand ses concurrents font au contraire « le choix de se recentrer ».  « Pour nous, cela va entraîner une remise à plat de nos partenariats dans le domaine de la distribution de PC », s’inquiète néanmoins un partenaire situé dans l’Aube, près de Troyes.

« L’important c’est que HP reste un acteur de proximité et qu’il conserve son esprit d’innovation dans un marché qui continue à se concentrer (Dell/EMC) et où les enjeux convergent de plus en plus vers le « Software Defined », analyse pour sa part Eric Labaune, directeur du pôle infrastructures du groupe RDI. Le rapprochement Dell/EMC va immanquablement redistribuer certaines cartes dans les mois et les années à venir et c’est plutôt une belle opportunité pour HP de notre point de vue ». La question que tout le monde se pose, Michel Rathier la résume en ces termes : « les deux nouvelles entités vont-elles être capables de saisir cette opportunité et proposer un vrai  plan de développement avec une stratégie ambitieuse ? » Pour l’instant, elle demeure sans réponse.