Il aura fallu 10 ans à Efisens pour faire sa révolution. Mais le résultat est spectaculaire. En 2007, lorsqu’Edouard Soudée, son actuel PDG, reprend la société parisienne, Efisens, qui s’appelle encore Business ASI, est un revendeur informatique tout ce qu’il y a de plus traditionnel, qui tire 80% de ses revenus du négoce. La société – membre fondatrice du groupement Euralliance’s – réalise alors 5 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel avec 17 salariés auprès d’une clientèle de PME locales. Dix ans plus tard, elle affiche 12,5 M€ de chiffre d’affaires, emploie 100 personnes et fonde les deux tiers de ses revenus sur les services (dont 80% de services récurrents).

Dès son arrivée, Edouard Soudée est conscient qu’il doit faire évoluer le modèle économique de la société. « Je savais à l’époque que si je n’arrivais pas à implémenter rapidement une stratégie services volontariste, la société n’existerait probablement plus aujourd’hui », confie-t-il. Il commence par créer un centre de support technique en interne qui lui permet de mutualiser des ressources entre plusieurs clients. Rapidement, c’est le succès. La palette de services proposés s’enrichit. Grâce à quoi, la société enregistre bientôt 30% à 40% de croissance annuelle sur les services.

Le rachat de Net Open Services déterminant

Mais tout s’accélère en janvier 2015 avec le rachat de Net Open Services, une petite société de services de six personnes qui lui apporte des expertises en hébergement d’applications critiques et en open source. Un rapprochement qui s’est avéré déterminant pour la suite. Conseillée par le VAD BeMSP, la société décide de changer de positionnement et d’évoluer vers les services managés. Une transformation qu’elle matérialise sans tarder en adoptant le nom d’Efisens.

La suite s’enchaîne rapidement. En juin de la même année, Efisens fait entrer un fonds Tepa au capital, qui lui apporte un million d’euros en fonds propres. Et cinq mois plus tard, la société rachète A2Z, le fonds de commerce infogérance PME d’Econocom, qui réalise un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 3 M€. Efisens ne reprend alors qu’une dizaine de collaborateurs mais ceux-ci contribueront fortement à sa chaîne de valeur puisqu’en deux ans Effisens est passé de 5,5 M€ à 12,5 M€ de chiffre d’affaires, soit beaucoup plus que la somme des chiffres d’affaires des trois sociétés séparées.

Le chiffre d’affaires passé de 5,5 M€ à 12,5 M€ en deux ans

Pour accompagner sa croissance rapide dans les services, Efisens a monté dès l’automne 2015 un centre de services au Maroc. Une filiale à 100% qui emploie déjà 30 personnes après deux années d’activité. En parallèle, Efisens a créé Efilease en avril 2016, une filiale spécialisée dans le financement d’actifs. À l’issue de son premier exercice, clos fin juin 2017, la société affiche une production de 2,2 M€. Ce qui porte à près de 15 M€ le consolidé du groupe

Aujourd’hui, Efisens revendique 350 clients actifs dont 230 sont sous contrat de service. Ce virage vers les services s’avère surtout payant puisque la société tire désormais près de 80% de sa marge brute de ses revenus récurrents. Elle s’est équipée d’outils internes (notamment de la solution ServiceDesk de ManageEngine) qui lui permettent de piloter de manière centralisée l’ensemble des services qu’elle déploie et produit chez ses clients. Efisens gère ainsi 8.000 utilisateurs à distance et propose, outre des services de support (infrastructures et utilisateurs), des services hébergés (IaaS, sauvegarde externalisée…) et des services télécoms (liens, voix…).

Efisens prête pour la croissance externe

Pour l’exercice qui sera clos fin mars 2018, Efisens espère consolider son chiffre d’affaires autour de 12,5 M€ mais table sur une croissance de plus de 50% pour Efilease à 3,5 M€ de production. Surtout, après deux années de structuration, la société s’est remise en quête d’opportunités de croissance externe. Son objectif affiché : doubler sa voilure d’ici 3 à 5 ans en atteignant le seuil des 30 M€ de chiffre d’affaires consolidé. Pour y parvenir, Edouard Soudée est convaincu qu’il devra opérer un nouveau virage stratégique, cette fois vers les usages. Une société œuvrant dans le domaine du CRM et de la business intelligence pourrait ainsi être sa prochaine cible.