Pour réduire sa dette, Alcatel-Lucent va augmenter son capital, émettre des obligations à haut rendement et négocier une nouvelle ligne de crédit. Les lienciements risquent d’être plus douloureux que prévu.

Alcatel-Lucent va lever de l’argent frais, beaucoup d’argent frais, pour réduire sa dette et financer les prochaines échéances. L’équipementier va en effet augmenter son capital de 955 millions d’euros, lancer une émission d’obligations à haut rendement (anciennement appelés junk bonds) pour une valeur de 750 millions de dollars (556 millions d’euros), et obtenir une ligne de crédit renouvelable syndiquée d’un montant de 500 millions d’euros. Ce sont ainsi plus de 2 milliards d’euros que la société va récolter.

Cette vaste opération d’assainissement du bilan prévue dans le plan Shift va de pair avec la nomination d’une analyste financière pour gérer les relations avec les investisseurs. Diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP) et membre de la Société Française des Analystes Financiers (SFAF), Marisa Baldo dirigeait jusqu’à présent un cabinet de conseil. Avant cela elle avait été analyste financière à la Société Générale, puis directrice des fusions & acquisitions (M&A) et projets stratégiques chez Technicolor (ex-Thomson).

Le plan Shift a cependant une face moins plaisante : les licenciements.

Début octobre, la société annonçait la suppression de 900 postes dans l’Hexagone dès 2014. Elle vient à présent de communiquer son projet détaillé aux organisations syndicales. Celui-ci concerne 884 postes. Le site de Nozay dans l’Essonne paie le plus lourd tribu avec 509 postes supprimés (sur 3.277). Les autres sites impactés sont Orvault en Loire-Atlantique (128 postes sur 483), Rennes (62 postes sur 117), Ormes dans le Loiret (61 sur 255), Lannion dans les Côtes d’Armor (56 sur 721) et Toulouse (28 sur 105). D’autres établissements sont également touchés, notamment le siège parisien (23 sur 222) ainsi que Colombes, Issy et Velizy, pour un total de 14 postes.

À cela s’ajoutent les transferts vers des repreneurs potentiels de la totalité des salariés du site d’Eu en Seine-Maritime, soit 299 personnes, auxquels il faut additionner 83 personnes à Orvault, 41 à Ormes, 33 à Nozay et 3 à Rennes (soit un total de 459 emplois), sans oublier les mutations internes qui concernent apparemment 513 collaborateurs (228 à Orvault, 156 à Ormes, 77 à Toulouse et 52 à Rennes).

Et ce n’est pas tout. La direction envisagerait également de céder ou fermer le Legacy Group en charge des anciennes technologies (2G, 3G, ADSL…), qui emploie 199 personnes à Nozay, Lannion et Orvault.

 » C’est pire que ce à quoi on s’attendait. A l’heure actuelle, ce ne sont pas 1.800 mais 2.052 emplois qui sont menacés « , a déclaré à l’AFP Pascal Guihéneuf, délégué syndicat central CFDT.