La guerre des chefs fait rage chez Econocom, avec tout ce que cela peut entraîner de dégâts collatéraux : prise de décision paralysée, baisse des facturations, casse sociale. Les syndicats ont décidé de rentrer dans le jeu en s’unissant.

Un an après le rachat officiel d’Osiatis par Econocom, l’intégration a du plomb dans l’aile. Selon plusieurs sources internes, le groupe se débat actuellement dans une véritable guerre des chefs. Avec déjà des conséquences négatives palpables : à l’occasion de la publication de ses derniers résultats trimestriels, Econocom a dû admettre un retard de trois mois dans le processus d’intégration et surtout une baisse de ses facturations affectant les services (-4,6%).

« L’entreprise est en péril »

Des délégués syndicaux s’en alarment. « L’entreprise est en péril », prévient l’un d’eux. Ils pointent les problèmes qui s’accumulent en interne : paralysie du management, cohabitation difficile d’outils informatiques divers hérités du passé, nombreux collaborateurs poussés au départ (notamment parmi les techniciens, les commerciaux d’Econocom Services et les plus de 50 ans)… Résultat : une activité pilotée à vue, sans direction claire, des clients qui s’en vont et des troupes au moral en berne…

Mais le problème central, selon eux, qui conditionne tous les autres, c’est l’absence de dialogue social. « On risque l’implosion si la direction ne change pas ses méthodes de travail avec les syndicats », juge un représentant des salariés. Celui-ci rappelle que le groupe a quadruplé de taille en trois ans, passant de 2.000 à plus de 8.000 collaborateurs, et qu’il doit non seulement intégrer deux sociétés de taille équivalente mais également gérer les scories des acquisitions précédentes, plus ou moins bien digérées de part et d’autre.

Une absence de dialogue social

Ainsi, plus de 18 mois après la fusion juridique des entités services d’Econocom (ASS et EMS) avec les services d’ECS – qui s’est faite par absorption d’EMS et d’ECS par ASS – la renégociation des accords d’entreprise, dénoncés à cette occasion, n’a-t-elle toujours par commencée pour les 1.400 salariés concernés. Même chose du côté d’Osiatis où, 8 ans après le rachat de Focal (2.500 personnes) et deux ans après celui d’ESR (800 personnes), les statuts des uns et des autres ne sont toujours pas harmonisés.

Or les statistiques sont impitoyables : « trois fusions sur quatre sont un échec. Et parmi le quart qui réussit, l’implication des syndicats est déterminante », assure l’un d’eux. Certes, les divisions syndicales et le faible taux de participation aux élections n’en ont jamais fait des interlocuteurs légitimes jusque-là chez Econocom. Mais cela pourrait changer à la faveur des prochaines élections. Car sous l’impulsion du Comité d’entreprise européen, les différentes organisations syndicales du groupe sont en train de s’unifier sous la bannière « Unis chez Econocom ».

Des listes communes plébiscitées

Déjà deux élections ont eu lieu avec des listes communes. Chez Econocom SAS – les « cols blancs » d’Econocom France – en mars (alliance CFTC, FO, CFE CGC et CFDT), et chez Econocom Services en juin (CFTC, FO, CFE CGC, CNT). Une initiative qui a apparemment séduit les salariés puisqu’ils ont voté en masse pour la liste commune – avec des taux de participation deux fois supérieurs à la normale. Seule liste présentée chez Econocom SAS, Unis chez Econocom a rassemblé 58% des inscrits. Et la liste a remporté 46% des suffrages chez Econocom Services (devant la CFDT qui a obtenu 44%). La prochaine élection aura lieu en novembre chez ESR avec une liste commune rassemblant la CFTC, FO, la CFDT, CFE CGC et la SA CGT. L’objectif est d’y faire au moins aussi bien.

« L’idée, c’est de sortir d’un syndicalisme stérile et d’imposer un rapport de force susceptible d’empêcher que d’éventuelles mauvaises décisions soient prises », explique l’un des participants à ces listes communes. L’avenir dira s’ils sont entendus.